Définition de la délinquance

Le mot lui-même a une origine latine, delinquere, qui voulait dire littéralement «délaissé», et ce sens profond apparaît particulièrement intéressant. Ensuite ce terme a pris un nouveau sens, nous disent les dictionnaires, le sens générique de « commettre une faute». Depuis le XIVe siècle, sa définition actuelle est spécifique, elle correspond à l’activité de toute personne qui s’écarte de la loi, c’est-à-dire, selon le sens étymologique, qui en « délaisse » l’observance et qui, de ce fait, commet un acte illicite ou, en langage commun, un délit.

Après un long débat, la criminologie a réussi à définir la délinquance ; comme cette dernière se situe à l’intersection du droit pénal et des sciences humaines alors la convergence de ces deux perspectives lui permet non seulement de se donner un cadre théorique plus raffiné et plus dynamique, mais aussi de mieux rendre compte de la réalité criminelle.

Ce qui singularise dès le départ la démarche criminologique, c’est l’extrême importance accordée au comportement délictueux comme base première de toute conceptualisation. Cohen, un pionnier, prescrit dès 1959 que, pour construire une théorie de la délinquance, il faut avoir le même point de référence, soit la conduite délinquante.

C’est pourquoi, nous optons, pour une définition restreinte de la délinquance, la définition suivante, comme Fréchette et LeBlanc13 l’ont envisagée :

‘Une conduite juvénile, c’est-à-dire une conduite DEROGATOIRE, puisqu’elle va à l’encontre des prescriptions normatives écrites- une priorité stricte étant accordée aux violations « criminelles » par opposition aux violations «statutaires»-, une conduite INCRIMINABLE, dont le caractère illégal a été, ou pourrait être, validé par une arrestation ou une comparution devant un tribunal et qui est passible d’une décision à caractère JUDICIAIRE et une conduite SELECTIONNEE, puisqu’elle n’englobe qu’un nombre limité d’actes dont le calibrage, en matière de dangerosité sociale, est acquis et présente un haut de gré de stabilité.’

Notes
13.

-M. FRECHETTE et M. LEBLANC, Délinquances et délinquants, op. cit., p 28.