Par ailleurs, il ne faut pas oublier la présence d’autres facteurs sociaux qui agissent sur la délinquance et que les facteurs familiaux n’occupent pas la seule place prépondérante.
L’étude de LeBlanc et Meilleur26 et LeBlanc27 et all. a permis de mettre en cause la composition du milieu familial à travers les majeures différences apparues entre les deux échantillons étudiés d’adolescents conventionnels et d’adolescents judiciaires.
La plupart des adolescents conventionnels appartenaient à un milieu familial normal et relativement nanti sur le plan économique et ayant un statut social élevé, comme le révèle l’emploi occupé par leurs parents. D’autre part, les adolescents judiciarisés sont issus de familles plus disloquées, plus importantes en nombre, plus démunies et plus dépendantes sur le plan économique.
L’étude remarque en plus que l’attachement et les liens affectifs unissant les adolescents à leurs proches sont plus étroits chez les adolescents conventionnels (35%) que chez les adolescents judiciarisés (17%) et que 71% contre 54% parlent d’une bonne atmosphère familiale.
En outre, ils ont pu identifier trois types de famille, soit la famille adéquate, la famille conflictuelle et la famille inexistante.
La famille adéquate assure à peu près les tâches habituelles d’une famille normale et présente une structure stable avec des exigences, des contrôles directs et indirects et une ambiance psychosociale positive : communication, affection, participation. Cependant, elle n’est pas une famille idéale car elle n’est pas sans problèmes, mais elle remplit en gros le mandat que la société lui confère.
La famille conflictuelle provient d’une gamme étendue de problèmes qui ont été vécus soit séparément soit cumulativement et qui peuvent provenir d’une structure déficiente, d’une faiblesse socio-économique ; présence des modèles antisociaux, ou encore d’un manque de contrôle sur l’enfant, de privations d’affection, de difficultés de communication et de participation. Cette famille est source de tensions et de conflits graves chez ses membres.
La famille inexistante, comme son nom l’indique, comporte des membres qui sont profondément désunis, ou les enfants ne vivent pas avec leurs parents. Ce type de famille se trouve paralysée dans la quasi-totalité de ses fonctions essentielles, au point où les enfants issus de cette famille apparaissent vivre dans une sorte de « vacuum » affectif et interpersonnel.
-M. LEBLANC et T. MEILLEUR, La clientèle de Boscoville : expérience scolaire, famille, pair et délinquance, Université de Montréal, Groupe de recherche sur l’inadaptation juvénile, 1978.
- M. LEBLANC ET all. Développement psycho-social et évolution de la délinquance au cours de l’adolescence, Université de Montréal, Groupe de recherche sur la délinquance juvénile, 1980.