CHAPITRE 2
LA DIFFERENCE DES GENERATIONS ET DES SEXES

REFERENCE A UNE DOUBLE DIFFERENCE

En effet, chaque communauté humaine est conduite à se structurer à partir de deux données fondamentales, qui concernent la différence des générations et la différence des sexes.

La différence des générations est universellement constituante des sociétés humaines, du fait du nécessaire élevage des enfants par la mère tout au long du premier âge, puis du passage dans le monde des adultes.

Ceci se combine avec la différenciation de la maternité et de la paternité. Dans notre société la paternité est clairement référée à un homme agent biologique de la grossesse. L’enfant est donc toujours situé par rapport à deux instances, la mère et cette seconde instance paternelle. Ces deux pôles, toujours situés en opposition-complémentarité, définissent un principe «mâle» et un principe «femelle» : c’est ainsi que la différence des sexes est universellement reconnue et entérinée, bien au-delà des simples différences anatomo-physiologiques.

Toute société cadre donc le développement de ses enfants par référence à cette double différence, des sexes et des générations : il s’agit là des préconditions de tout développement psychique, en toute société humaine. De ces préconditions découlent des conflits qui peuvent prendre des modalités différentes d‘une culture à l’autre. L’une des structures de base de toute société et universellement reconnue est l’interdit de l’inceste. C’est la règle des règles! D’où, en toute société, la culpabilité associée à l’idée même de sa transgression, et la punition qui frappe celui qui enfreint cet interdit, voire l’évoque ou y pense. Cette structure fondamentale, d’un interdit opposé au désir articulant la double différence des sexes et des générations, est toujours traduite par des rites qui procèdent de mythe. Le mythe d’oedipe produit par la culture grecque constitue une version significative de cet interdit.

Si on admet que l’oedipe structure l’adulte, peut-on, à la faveur d’une telle approche théorique, mieux comprendre la transmission, de génération en génération, des valeurs et des conduites qui en découlent, des règles de vie, des lois, des institutions, etc., c’est-à dire de tout ce qui fait une culture ?

Cependant il faut ajouter que le Surmoi, selon Freud, se constitue, non seulement à l’image des parents, mais plus encore à l’image du Surmoi des parents. Ainsi le couple Surmoi-Idéal du Moi assure une fonction essentielle : la transmission des valeurs collectives, des règles qui en assurent le respect, et même des institutions qu’elles fondent. De ce fait même l’»héritage» du complexe d’oedipe assure le développement des civilisations.

En admettant que le complexe d’oedipe soit la pierre de base de toute compréhension psychique, nous allons dans ce chapitre aborder toutes les notions qui entrent en corrélation avec ce complexe nous permettant de mieux comprendre le fonctionnement et le développement psychique de l’organisme vivant que forme le sujet et ainsi mieux interpréter l’analyse des cas de notre étude.

Pour mieux comprendre et les phénomènes expliquant l’organisation psychique de l’agresseur sexuel : sujet de notre recherche, il nous paraît nécessaire d’introduire le travail de Freud sur l’hystérie qui l’a conduit à fonder les premières théories psychanalytiques que nous essayerons de mettre en page, car tout phénomène expliquant l’organisation psychique du sujet nous sera scientifiquement33 utile, pour mieux comprendre les mécanismes dynamiques de l’agresseur sexuel.

Les lignes suivantes aborderont l’importance de l’oedipe qui nous permettra de mettre en page plusieurs notions psychanalytiques nécessaire à une meilleure compréhension de notre recherche : les divers stades du développement de l’organisation psychique comme l’oedipe, les fantasmes divers, la séduction ... et bien d’autres qui sont décrit ci-dessous, sont souvent mal joué dans l’enfance de l’individu, notre futur agresseur sexuel. D’où l’importance de les aborder.

Notes
33.

- Malgré ceux qui disent que la psychanalyse est la science de l’incertain!