L’oedipe chez l’hystérique

La méconnaissance et le refoulement de la satisfaction des besoins sexuels permettent la production des symptômes, qui sont en fait des satisfactions sexuelles substitutives, déguisées sous une apparence innocente. Pour Freud, tous les symptômes hystériques prennent sens de satisfactions sexuelles déguisées : la satisfaction s’y transpose. Les symptômes alors deviennent un « langage du corps » que Freud, se propose de décrypter. Les désirs et émois incestueux sont, eux, bien réels, mais frappés d’un refoulement qui permet au sujet de les méconnaître. Le « retour » de ce refoulé, ce sont les symptômes hystériques : « l’hystérique souffre de réminiscences » ou alors tous le sont en ce sens premier.

Il dit que l’histoire de l’hystérique a été marquée par un événement traumatique, qu’il finit toujours par retrouver et raconter. L’enfant, le futur hystérique a été victime et objet passif (l’enfant est supposé sans réponse comportementale)37 d’une « séduction » (entendre : de manoeuvres sexuelles) de la part d’un adulte, sans pouvoir s’en défendre. A ce stade, le traumatisme n’est que « potentiel », il éclatera plus tard, lorsque les conditions en sont réunies, sur la base des traces laissées par le premier temps. C’est là l’origine de la notion d’après coup, qui restera fondamentale en psychanalyse et que l’on retrouvera plus tard dans l’interprétation de nos sujets et du passage à l’acte.

Au- delà du traumatisme proprement dit, Freud trouve que certains événements, ou expériences chargées d’affects, certaines productions fantasmatiques, etc., qui sur le moment peuvent paraître de peu d’importance, laissent des traces qui ne prendront force et sens que plus tard, dans un nouveau contexte. Pour Freud, l’hystérique peut-être n’a pas réellement subi l’inceste, mais ce qui est important, c’est « la fiction investie d’affect » qui n’est autre que la notion de fantasme.

Il faut se rappeler en effet que Freud, recherchant les sources vives du conflit oedipien, avait été conduit à mettre en évidence trois thèmes : celui de la séduction, sur la base de ses travaux sur l’hystérie, celui de la castration, illustré par l’analyse du petit Hans et celui de « ‘la scène primitive’ »38, le cas de l’Homme aux loups étant tenu comme exemplaire. Cependant, Freud avait été conduit, dans les trois cas, en recherchant les événements inscrits dans l’histoire personnelle du sujet qui auraient laissé des traces traumatiques, à penser que, en deçà des événements, ce qui organise la problématique oedipienne, ce sont les fantasmes : fantasmes de séduction, de castration, de scène primitive qu’il désigne comme « fantasmes originaires », c’est-à-dire donnés d’emblée à la source de toute organisation psychique, et plus particulièrement de toute organisation oedipienne.

Notes
37.

- Freud, suppose dès ce moment que l’enfant peut avoir été ému, non seulement de peur, mais aussi par une excitation sexuelle.

38.

- Les rapports sexuels entre les parents.