SENTIMENT DE CULPABILITE

Qu’est-ce que le sentiment de culpabilité ?

Dans son livre « Malaise dans la civilisation »39 Freud aborde le sujet du sentiment de culpabilité, disant qu’il y a deux origines au sentiment de culpabilité : l’une est l’angoisse devant l’autorité, l’autre, postérieure, est l’angoisse devant le Surmoi.

La première contraint l’homme à renoncer à satisfaire ses pulsions. La seconde, étant donné l’impossibilité de cacher au Surmoi la persistance des désirs défendus, pousse en outre le sujet à se punir. Ce rapport existant est alors discerné entre le « renoncement aux pulsions » et « le sentiment de culpabilité ».

A l’origine, le renoncement est bien la conséquence de l‘angoisse inspirée par l’autorité externe ; on renonce à des satisfactions pour ne pas perdre son amour. Ceci une fois accompli, Freud ajoute, on est pour ainsi dire quitte envers elle ; il ne devrait alors subsister aucun sentiment de culpabilité. Mais il en va autrement de l’angoisse devant le Surmoi. Dans ce cas, le renoncement n’apporte pas un secours suffisant, car le désir persiste, et ne peut être dissimulé au Surmoi. Un sentiment de faute réussira par conséquent à naître en dépit du renoncement accompli ; et ceci constitue un grave inconvénient économique de l’entrée en jeu du Surmoi, ou comme on peut le dire aussi, du monde de formation de la conscience morale.

Dès lors, le renoncement aux pulsions n’exerce plus aucune action pleinement libératrice, l’abstinence n’est plus récompensée par l’assurance de conserver l’amour, et l’on a échangé un malheur extérieur menaçant- perte de l’amour de l’autorité extérieure et punition de sa part- contre un malheur intérieur continuel, à savoir cet état de tension propre au sentiment de culpabilité40.

Notes
39.

-S FREUD, Malaise dans la civilisation, Paris, Puf, 1971.

40.

- ibid. pp. 84,85.