Sexualité perverse

Dans son article Scène primitive et scénario pervers 73 , McDougall s’intéresse à la structure inconsciente qui sous tend la sexualité déviante plutôt que sa forme, en partant de la constellation oedipienne et les imagos parentales- d’ailleurs nous partageons les mêmes intérêts concernant cet angle d’étude dans ce présent travail- elle constate que la mère tient une place idéalisée chez ses patients, alors que le père joue un rôle curieusement estompé dans le monde objectal interne. Deux noms sont attribués à la mère ; complicité et séduction tandis que le père est représenté comme incapable à servir de modèle d’identification. Un clivage pathologique se crée. Ce clivage n’est pas opérant au niveau de l’imago maternelle ; le ”bon” est du côté de la mère, idéal phallique inattaquable, et le ”mauvais” est du côté du père, objet désavoué et dénigré.

Cependant, ajoute McDougall, derrière les portraits de famille ainsi désignés se trouve une autre mère, mortellement dangereuse pour son enfant, la haine et l’agression attachées à cette image étant détournées sur d’autres objets. D’autre part, l’image du père dénigré, également clivé, cache un père idéalisé74, plus souvent on trouve le fantasme d’un phallus idéal avec lequel le sujet ne peut s’identifier, mais qui joue un rôle structurant important, en dépit de son caractère clivé. Dans l’acte sexuel déviant, ces “faux” clivages s’expriment sous diverses formes où l’on retrouve une tentative pour gagner, conserver ou contrôler le phallus paternel idéalisé. Le sujet attribue ce phallus à la mère suivant un mode défensif qui est greffé sur un rôle primordial en tant que premier objet de désir et détenteur de vie.

Notes
73.

- J. McDougall, Plaidoyer pour une certaine normalité, Editions Gallimard.1999.

74.

- Rôle fréquemment attribué au père de la mère, à une personnalité religieuse, voire à Dieu lui-même.