THEORIES DE VIOLENCE

Dès la fin du XIX siècle jusqu’à nos jours, multiples sont les travaux qui ont étudié les paramètres correspondant à l’agressivité.

Certains donnent aux facteurs biologiques un rôle assez contingent dans la genèse du passage à l’acte délictuel, d’autres aux facteurs économiques et sociologiques.

Par suite, diverses théories furent proposées, l’une tente d’expliquer d’une manière exhaustive par le seul rôle de la sociologie la montée délictuelle, Merton (1938)78 reprend les théories de Durkheim79 (1898) sur l’anomie, toute règle est contestable et contestée par suite de la baisse ou l’absence de normes : il en résulte un climat d’insécurité caractérisé par l’émergence de comportements imprévisibles. Shaw (1972) montre que la fréquence délictuelle varie avec la densité d’habitat, le niveau économique, en se déplaçant du centre vers la périphérie, d’autres le montrent par la mauvaise identification parentale, (Jefferu 1959)80, pour Sellin, c’est le conflit de culture entre générations.

Depuis plusieurs années, on accuse encore les mass média : films, journaux, télévisions d’inciter et orienter le passage à l’acte délinquant. Glucksmann assure que leur influence est nulle et que « ‘la participation à une violence irréelle défoule et éloigne de la vraie violence’ ». Ainsi se débarrasserait-on de ses pulsions plutôt que les agir!

A Moles81 affirme qu’on ne peut pas nier leurs effets sur la criminogenèse. Comment? Quand ils s’adressent à des gens préalablement conditionnés de par leurs modes de maturation et leur proposent un modèle de comportement qui a déjà reçu l’approbation de la masse. Quand le modèle est au contraire le consensus du plus grand nombre, il est alors repoussé, au besoin malgré l’avis des clercs.

Alors on ne peut pas dénier l’impact des mass-médias, car ils agissent sur l’homme par les circuits de l’affectif. Cependant, il faut noter qu’ils ne sont déterminants que dans la mesure où les facteurs psychologiques chez le sujet délimitent imparfaitement la ligne de démarcation entre le monde du réel et du fantasme. Pour Mackellar82, les films ne «modifient» pas la personnalité des gens ; une personne qui est respectueuse de la loi, ne deviendra pas criminelle après avoir assisté à la mise en acte d’un crime sur l’écran. Toutefois, ajoute-t-elle, quand le désir d’un vol ou viol est déjà présent, le film peut faciliter l’extériorisation de ce désir

A cette diversité de facteurs économiques, sociologiques et médiatiques, dont aucun ne nie l’importance de l’autre, s’ajoutent les facteurs psychologiques.

Notes
78.

- MERTON, Structure sociale et anomie, Am. Soc. Rev., 1938.

79.

- E. DURKHEIM, La prohibition de l’inceste, Année sociologique, n°4, Paris, 1898.

80.

- JEFFERY, An integrate theory of crime and criminal behaviour, J. of Criminal Law, Criminilogy and Police Science, 1959, 49, n° 6, pp 533-552.

81.

- A. MOLES, Théorie des objets, Paris, Ed. Universitaires. 1972.

82.

- J. MACKELLAR, Le viol, l’appât et le piège, Traduit par Cathy Bernheim, Petite bibliothèque Payot.