Les principaux résultats de l’enquête d’Amir

Amir s’intéressait particulièrement à la victime et aux relations interpersonnelles entre les auteurs et la victime sur le plan du milieu familial, professionnel et social. On pourrait presque y voir une étude comparée des auteurs et de la victime. En étudiant les tranches d’âge, il trouve que l’échelle d’âges est plus large chez les victimes que chez les auteurs. Chez les victimes, il existe trois tranches d’âges, la première de 10 à 14 ans, la seconde de 15 à 19 ans, la troisième de 19 à 25 ans. Pour les auteurs du délit existent deux tranches d’âges de 15 à19 ans et 19 à 25 ans. La victime est toujours dans une tranche d’âge inférieure à celle de ses agresseurs.

Le milieu de travail est le même pour tous les participants. 90% sont dans la tranche la plus basse des emplois ; la plupart des agresseurs se trouvent temporairement en chômage. Quant à leur statut matrimonial, il trouve que généralement ils sont célibataires. Les circonstances de temps et de lieu sont assez bien déterminées. En été, il y une augmentation de viols collectifs. 50% des viols collectifs sont commis les week-ends et 50% plus précisément entre 20 heures et 2 heures. En cherchant les distances existant entre les lieux du délit et ceux des résidences des auteurs et de la victime, Amir détermine un «triangle de mobilité», défini par le fait que la plupart des viols ont lieu dans l’ère de résidence de la victime qui est sensiblement voisine de l’ère de résidence des auteurs. Amir signale de même la violence et l’usage de l’alcool comme facilitant généralement l’infraction. L’emploi de la violence et le degré d’humiliation sexuelle que subissait la victime sont généralement liés à ce facteur de l’état alcoolique.

La situation pré-criminogène (précédant le passage à l’ace) est d’abord une situation de rencontre et d’affrontement d’où la parole est exclue, parce que sans doute impossible. En ce sens, le viol n’est pas seulement celui d’un homme agressant un semblable féminin, incarnant un être avec lequel il désespère d’établir une relation vraie. Ce délit est le symptôme de son impuissance génitale et affective à accéder à une sexualité adulte.

Les médecins, les psychiatres et les psychothérapeutes conçoivent le délit comme un symptôme, et rien qu’un symptôme.