Du côté moral et psychologique

Le type classique du délinquant en matière de viol est celui commis par des hommes jeunes ayant eu une éducation minimale et appartenant aux groupes socio-économiques inférieurs. Cependant ajoute Mackellar, restent les hommes qui sont d’une tout autre diversité ;

L’agresseur est dans la plupart des cas, un sujet dévalorisé dans son existence d’homme, d’époux, de père et de travailleur, se vengeant en « passant sa colère » sur un être plus fragile que lui et en l’humiliant. Il est « ‘celui qui n’a pas d’autres moyens pour affirmer qu’il est un homme », dit Mackellar’ 101.

En conclusion, de tels hommes sont aussi divers que le sont leurs motivations psychologiques ;

Ces facteurs parmi bien d’autres précipitent le mouvement, plus au moins rapidement, et amènent un homme à agresser une femme non consentante

‘« L’homme qui viole est souvent, d’une manière ou d’une autre, un perdant, infantile, coléreux, désespérant de ne s’avouer jamais à lui-même à quel point il se sent inadapté, il est agressif parce qu’il ne dispose d’aucune autre façon de s’exprimer. »’

L’agresseur essaie par le viol de dominer une peur réelle des femmes qui atteindrait son paroxysme dans le comportement de ce nécrophile qui reconnaissait : « ‘Je peux faire tout ce que je veux avec elles, elles ne me font pas peur...».’

Dans l’étude effectuée par Amir, 78% des cas représentaient des hommes noirs violant des femmes noires. Les hommes noirs violant des femmes blanches représentaient 12% des cas. Amir explique ce fait ainsi :

Nombreux sont les enfants noirs élevés dans des foyers sans père. Quand un adulte mâle traîne dans le décor, le chèque des allocations disparaît. Et comme le chèque des allocations est une source de revenus plus sûre que ne peut l’être un homme, le dénuement économique du mâle pèse lourd sur la psychologie des familles noires, la femme prend souvent la relève pour la sécurité, trouve un travail ; les garçons sont alors élevés dans un environnement où la mère domine. Leur agressivité sexuelle est souvent une forme de protestation contre la loi matriarcale.

Face à certains violeurs immatures névrotiques, les règles peuvent avoir un pouvoir dissuasif en leur révélant la femme-mère en puissance « avec laquelle on n’a des rapports que si elle veut bien ».

Il existe des individus qu’anime une « gérontophilie agressive » qui les amène à attaquer préférentiellement des femmes âgées ; se sont des sujets, abandonnés très jeunes par leur mère, ayant épousé une femme plus âgée qu’eux, à laquelle il reprochait de lui préférer ses enfants. (Cas cité par Scherrer102).

Mackellar s’interroge sur le sens de cette expression sexuelle d’une violence qui pourrait se manifester, sous d’autres formes ; « ‘l’homme qui viole, essaie de dire quelque chose...»’ de son besoin de toucher, pénétrer, se réfugier, s’épancher dans... L’homme qui viole exprime, d’une manière détournée, le besoin qu’il a de toucher un autre être humain. D’autre part, l’acte de cambrioler semble souvent provoquer un désir sexuel. Un certain nombre d’agresseurs entrent dans une maison dans l’unique intention de voler, puis violent la femme qu’ils y trouvent si elle est seule. Il s’agit là, en effet, d’un autre style de «pénétration». Certains auteurs les nomment « violeurs occasionnels ».

Le chômage vient de surcroît aggraver encore le sentiment d’infériorité et d’inutilité et accroître l’agacement.

Notes
101.

- J. MACKELLAR, Le viol, l’appât et le piège, op. cit.

102.

-SCHERRER, La répartition dans la criminalité sexuelle, Actual Psychiate, n°2, 1973, pp 11-17.