LE VIOL EN GROUPE OU VIOL COLLECTIF

Souvent commis par des bandes rassemblées par des sujets de même origine sociale, d’âge à peu près identique, en nombre variable. Pour Parrot103, la présence d’un psychopathe qui fait ‘«’ ‘ floculer les tendances névrotiques et perverses de ses camarades’ » semble constante.

Dans l’étude du Dr Amir sur Philadelphie, qui portait sur 1292 délinquants, plus de la moitié (712) avait commis un viol collectif ; et parmi ceux-ci, plus de la moitié n’avait pas dix-neuf ans. Les années privilégiées de la délinquance s’étendent entre 10 et 19 ans, surtout en ce qui concerne la délinquance de bande, et ce sont aussi les années au cours desquelles les viols collectifs sont les plus fréquents.

Le viol en groupe renvoie également à un mécanisme de défense contre les pulsions homosexuelles individuelles (celui qui échoue est qualifié de « puceau, tante...etc. ») Ce genre de viol compte le quart de l’ensemble des viols déclarés aux Etats-Unis, où la moitié des hommes accusés de viol ont pris part à un viol collectif.

La différence entre le viol individuel et le viol collectif est profonde, tant dans ses causes que dans ses buts. Il est important de le prendre en considération en ce qui concerne la prévention de crime. Mackellar signale que la cause d’un viol individuel doit être recherchée dans la psychologie de l’individu. La cause d’un viol collectif doit être recherchée dans la psychologie sociale. Pour Hartman, le viol collectif est plus un phénomène d’agression qu’un délit sexuel. Il constate que les groupes sont souvent formés de jeunes « abandonnés à eux-mêmes », ayant donc plus que d’autres jeunes des tendances à des comportements impulsifs et agressifs, ces comportements étants des manifestations de besoins instinctifs : jeu, besoin d’activité, quête d’aventures... ; ces jeunes sont à l’âge de la puberté, ce qui expliquerait le caractère agressif de leur comportement ainsi que la résurgence des perversions de la sexualité généralement constatées au stade primo-infantile.

Le viol collectif peut durer plusieurs heures et se mêle à d’autres activités (boisson, bagarres, errance), du fait de la psychologie particulière qui unit les participants, il ne peut pas être assimilé à une succession de viols individuels. Il s’agit bien d’un acte collectif. La satisfaction de chaque membre de groupe est peu importante devant la perception que partage l’ensemble de ce groupe. Comme dans tous les viols, le viol collectif n’est pas motivé par les besoins sexuels des membres du groupe, qui pour la plupart ont une partenaire sexuelle régulière. Il ne s‘agit pas de la satisfaction sexuelle en elle-même, mais de ce qu’elle s’accomplit en présence des autres, avec leur consentement et leur complicité. Le fait que l’acte soit partagé est plus important que l’acte lui-même.

Le fait de participer à un viol collectif pour un jeune individu est le fait de se sacrifier à la volonté du groupe et est alors perçu comme un sacrifice symbolique, les jeunes gens offrant leur virilité à un groupe dont la cohésion se nourrit de tels sacrifices. Ainsi il présente sa loyauté, ses instincts au service du groupe, l’acceptation du compromis et tout élément essentiel à la socialisation et l’adhésion dans le groupe.

Il s’agit d’un acte dépersonnalisé, libéré des pulsions d’amour et de haine qui étranglent et dirigent l’agresseur solitaire.

Ce genre de viol est très répandu durant les guerres, il est utilisé comme sorte de récompense et repos donnés aux guerriers. Durant la guerre civile libanaise (1975-1990), ce genre de viol était répandu parmi les miliciens des différents partis libanais pour humilier et rendre indigne la partie opposée, tout en éprouvant pouvoir et colère.

Le viol collectif est un élément de sous-culture, selon Mackellar. Dans les communautés des classes inférieures où les moyens et les choix d’éprouver sa propre identité ne sont guère variés et où l’absence de principes et d’exemples se fait souvent sentir, le jeune homme appartenant à ces communautés a souvent recours à une bande pour définir son identité sexuelle.

Dans les bandes, le viol collectif permet aux groupes de jeunes mâles d’exprimer certains besoins et de se conformer à certains modèles qui sont communs à toutes les

cultures ; ainsi du besoin de partager une expérience avec ses pairs et du besoin de faire partie d’un groupe et de s’inventer dans ses codes et ses standards une identité Surmoïque.

Notes
103.

- PARROT-GUITTON, Etude clinique des complots, Revue de Neuropsychiatrie infantile, II, n° 7-8, pp 386-390.