CHAPITRE 1
TABLEAUX

La grande totalité de la population étudiée est de la nationalité libanaise. La population syrienne vient en seconde place, en fait, leur seconde place est en corrélation avec leur nombre accru au pays.

Le plus grand nombre des incarcérés appartient aux deux catégories E et B respectivement. A noter que la guerre civile libanaise qui a duré 15 ans à peu près, a débuté en 1975 ; les sujets de la catégorie E et même D qui prend la troisième place, y étaient soit à un âge très précoce ou à l’âge de l’adolescence, les circonstances de la guerre (séparation, peur, perte, manque de sécurité, crise économique...) ont contribué à la perturbation du développement affectif et psychologique des sujets. Cependant, le tableau 2-1 (nature d’agression/ date de naissance) nous explique la hausse dans la catégorie B correspondant à la plupart des incestueux qui naturellement ont besoin d’un temps minimal pour fonder une famille.

Deux raisons peuvent expliquer le nombre élevé des musulmans ; premièrement, ils forment la population la plus nombreuse au pays, en plus, l’islam est la religion de la presque totalité des étrangers incarcérés.

La presque totalité des agresseurs appartiennent à un niveau économique bas, cependant, il ne faut pas oublier que dans les milieux aisés, les agressions sexuelles ne sont que rarement rapportées auprès des autorités.

Le nombre accru des analphabètes est en relation avec la catégorie d’âge A et B pour laquelle l’époque, la scolarité n’était pas à leur portée de tout le monde. D’autre part, la scolarité de la plupart des agresseurs se limite à la phase primaire ; l’agresseur moyen n’a pas plus de 6 ans de scolarité, et parfois il n’en a pas retenu grande chose. Enfin, du fait de ce manque de qualification, la plupart des agresseurs pratiquent des métiers artisanaux comme l’indique le tableau suivant :

Le métier d’artisan n’exigeait pas de hautes qualifications, un petit stage suffisait à la pratique d’un métier.

Parmi les fonctionnaires et les artisans, il faut compter les sujets appartenant aux milices et exerçant leurs propres métiers en même temps.

Le plus souvent l’agresseur héritait du métier de son père.

La vie professionnelle des agresseurs a été souvent perturbée par une instabilité d’emploi les mettant face à la tension du chômage.

Contrairement à ce qu’on attendait, le mauvais tempérament (bagarres, querelles...) avec le patron comme représentant de la loi n’était pas la raison principale pour le changement d’emploi, cependant, les difficultés économiques et le manque de qualification chez l’agresseur étaient souvent derrière cette instabilité.

Le nombre accru des célibataires ne doit pas nous donner illusion que le mariage peut protéger l’individu contre le passage à l’acte, mais cette hausse est due aux différentes difficultés économiques empêchant les sujets à mener à bien un projet tel que le mariage.

A noter que la totalité des sujets avaient une relation sexuelle hétérosexuelle même les pédophiles

Nous désignons par « relation avec la conjointe » : la relation sexuelle.

Trois des agresseurs ont dénié avoir aucune relation hétérosexuelle, sans savoir s’ils ont eu par contre, des relations homosexuelles.

Le tableau nous montre que la plupart des pédophiles et des violeurs sont satisfaits de leurs relations sexuelles avec leurs conjointes, sauf chez les incestueux ; elle est soit complètement insatisfaisante ou tiède ; il paraît que la logique de l’agresseur sexuel et son mode de défense gèrent le résultat ci-dessus.

La plupart des agresseurs ont une position au milieu de leur fratrie parmi une famille nombreuse.

Contrairement à ce à quoi on s’attendait, peu d’agresseurs se sont manifestés par une délinquance juvénile, leur agressivité a trouvé un autre chemin suivant un autre sens ; elles étaient dirigées vers la destruction d’eux-mêmes comme objets et non pas les autres, voire vers une autodestruction ou une autopunition!

Presque la totalité des agresseurs ont été, durant leur enfance, victimes d’une ou d’autre forme de violence ; la plupart appartenaient à des familles conflictuelles.

Les incestueux et les violeurs se sont développés dans des familles conflictuelles où l’objet primaire de l’enfant a été souvent menacé par le père ; quant aux pédophiles, ils étaient eux-mêmes objets de la violence paternelle.

La plupart des agresseurs idéalisent leur mère, cependant les quatre cas « absentes » le sont soit par le décès, soit par une séparation volontaire ou obligatoire.

Les violeurs idéalisent, le plus, leurs mères, viennent après les pédophiles ; quant aux incestueux, ils réclament la mère qu’ils n’ont jamais eue.

Si on ajoute ensemble les catégories d’un père autoritaire, autoritaire/violent et violent, nous réalisons qu’une large part de notre échantillon étudié s’est développée dans une ambiance violente où le père exerce toute sorte de violence physique ou psychologique pas seulement sur les sujets eux-mêmes mais aussi sur tous les autres membres de la famille, notamment sur leurs épouses

Contrairement à ce à quoi on s’attendait, les pédophiles qui étaient eux-mêmes victimes de violence précoce physique n’exerçaient pas tous leurs abus avec violence. En fait, la somme est partagée entre la violence physique et la séduction, si elle n’est pas aussi considérée comme une sorte de violence.

Quant aux violeurs et incestueux qui n’étaient pas eux-mêmes objets de violence physique, ils passaient à l’acte avec une violence remarquable

Deux cas de viol se terminent malheureusement par l’homicide de la victime.

La plupart des victimes sont du sexe féminin, les deux homicides sont aussi du sexe féminin.

La totalité des agressions sexuelles sont des agressions extrafamiliales. Les seuls cinq cas à l’intérieur de la famille correspondent aux cas incestueux

La totalité des victimes (filles ou garçons) sont des personnes connues ; cela élimine le mythe qui accompagne souvent le viol parlant de l’insistance de la pulsion sexuelle, et indique de même la préméditation avant le passage à l’acte.

L’étude ne nous a pas permis de savoir si les sujets eux-mêmes étaient, à leur tour, victimes d’exploitation sexuelle.

Presque la totalité des agresseurs ne conçoivent pas leurs crimes sur la victime, ils fonctionnent selon un mode de défense.

Un seul pédophile et un seul père incestueux concevaient leurs actes comme criminels sur la victime ; cependant, ils prétendent être sous l’influence de l’alcool ou la drogue.

La plupart des agresseurs consommaient alcool ou drogues ; cependant la préméditation de l’acte nous fait éliminer l’idée que la toxicomanie pouvait être derrière le passage à l’acte.

Plus de la moitié des agresseurs montraient des signes d’hallucination ; pour les incestueux, c’était en relation avec la saveur ; le plus souvent un goût amer dans la bouche qui se manifestait avant le passage à l’acte. Les hallucinations auditives et/ou visuelles des pédophiles ou des violeurs sont en corrélation avec la consommation excessive de la drogue.

Plus de la moitié des agresseurs étaient coopérants sans que cela veuille dire que le sujet racontait toujours la vérité, mais il ne refusait pas de parler.

Presque tous les pères incestueux ont montré une grande coopération, et cela est dans le but de nous dérouter les idées. Les pédophiles qui ont passé presque plus de la moitié de la période du jugement, ont aussi étaient coopérants ; quant aux violeurs, ils montraient une certaine méfiance en craignant de raconter une vérité pouvant être rapportée à leurs procès.

La période de jugement est en corrélation avec la gravité de l’acte.