Le transfert

Ce que je représente aux yeux de l’agresseur a entraîné sans doute des émotions et des attitudes déclenchant des représentations et des affects : des attitudes émotionnelles inconscientes, amicales, hostiles ou ambivalentes que le sujet, objet de l’étude, a éprouvées dans son enfance à propos de ses parents et des personnes de son entourage. Dans ce sens, le dynamisme de la rencontre prenait des aspects différents, selon l’individu interviewé. Ainsi, je suis, pour certains, un personnage fort et tout puissant comme je possède le pouvoir et la liberté d’accéder et de sortir de la prison à ma volonté. Cette liberté et par suite le sentiment de toute puissance pourrait éveiller chez certains (cas n°4, 9, 11, 19,18 et bien d’autres), une angoisse ou un sentiment du phallus fantasmé.

Pour K.B. (cas n°24), un cas incestueux, je suis la jeune fille «pour qui ses parents ont peur et qu’ils éprouvent le besoin de protéger» projetant ainsi son propre désir d’emprise qu’il exerce sur sa famille et plus précisément sur ses filles abusées.

Pour le cas n° 18, je suis la mère idéalisée, pour d’autres, je suis l’autorité que représente leur père : M.H. (cas n° 22) projette sa colère sur moi, A.O. (cas n°11) m’agresse! Pour A.A. (cas n°12), je suis le Surmoi : « tu me sous-estimes à présent, c’est sûr ! », me dit-il ; la mère « putain » pour F.M. (cas n° 14) qui essayait de me séduire tout au long de l’entretien ; pour D.C. et Z.G. (cas n° 26et 19) une mère dénigrée.

Notre rencontre ou l’entretien était profondément interactif, en ce sens que des échanges affectifs réciproques se déployaient pouvant exprimer des manifestations significatives du fonctionnement mental des sujets menant à une meilleure compréhension ou interprétation si les conditions d’espace et de temps que représente le milieu d’incarcération nous a donnés de meilleures opportunités.