Toutes les recherches sur le thème de viol262 sont d’accord et nous aussi, pour dire que le viol est un acte de violence bien avant d’être un acte sexuel qui comporte d’ailleurs peu de plaisir érotique et se termine souvent sans orgasme. La victime n’est pas choisie en fonction de caractères sexuels, ça peut-être une jeune personne (de sexe masculin ou féminin) ou une plus âgée. Pour ce qui est de la pédophilie, les garçons en étaient fréquemment les victimes.
D’autre part et contrairement à ce qu’on rencontre dans les recherches occidentales, les pédophiles de notre étude ne parlent pas de leurs amours envers les enfants et ne réclament pas des droits (pour les enfants) au bonheur ni ne disent qu’ils leur veulent du bien. On ne rencontre pas d’éducateurs ni de moniteurs. A mentionner que la plupart ont connu une sexualité hétérosexuelle.
La présente recherche ne confirme pas le résultat de nombreuse recherches disant : que l’enfant peut devenir lui-même pervers, non pas tellement parce qu’il était l’objet d’emprise, mais parce que souvent, le pervers sexuel adulte était un enfant qui a connu lui-même un père incestueux ou a été violé ou séduit par un adulte. Quant à notre recherche, cette conclusion reste une probabilité possible. Etre ou non victime d’un abus sexuel n’est pas immédiatement repérable car la difficulté vient du côté du sujet qui souvent n’en a pas conscience.
Il n’est pas étonnant de constater que la moyenne d’âge des pères incestueux est sensiblement plus élevée que celle des autres auteurs d’agressions sexuelles : proche de 23 ans pour ceux-ci contre 35-40 pour les premiers. Cela, revient à notre avis, au temps nécessaire qu’il faut pour fonder une famille.
La plupart des d’interviewés incarcérés à titre d’inceste ne faisaient pas preuve d’hygiène. Peut-être cela découle d’un problème d’hygiène global que peut connaître la prison néanmoins la rencontre et le contact direct avec les autres prisonniers, qui paraissaient d’une hygiène d’un niveau moyen, nous fait nous interroger sur une certaine corrélation avec leur état psychologique de perte, surtout qu’aucune des recherches n’a évoqué ce point-là.
Parmi les cinq cas d’inceste ; deux cas seulement, ont été rapportés par la mère de la victime, et cela, après une longue période de silence. La plupart des mères n’ont pas pris activement la défense de leurs enfants, dès qu’elles ont eu connaissance des abus sexuels dont ils sont victimes. Elles sont restées pendant plusieurs années d’une ambivalence vis-à-vis de leurs enfants, elles n’ont pas défendu la victime et n’ont pas été protectrices de l’enfant ! Elles ne se sont pas opposées au père, craignant, le plus souvent, sa violence et son emprise.
Cela leur donnent-elles une excuse de rester à l’écart de ce qui se passe, de se faire aveugles devant la cruauté de l’acte ? Par leur silence et leur peur d’affronter, sont-elles considérées comme complices ?
Dans la famille à transaction sexuelle, la survie d’une dictature familiale dépend souvent de la mère qui, sans elle, cette structure ne pourrait continuer à fonctionner. La mère dans une telle structure, est maltraitante et comme toutes les mères maltraitantes, elle est carencée affectivement.
Cependant, de multiples questions se posent à notre esprit ; comment, à un moment ou à autre, certaines mères arrivent à ne pas voir ce qui se passe sous leur toit ?
Il semble que « la capacité maternelle à protéger et défendre l’enfant dépend entièrement de la gravité de sa propre histoire traumatique ».263.
Enfin, et contrairement aux idées dominantes sur les rôles de sexe disant que la carence affective est toujours désignée comme la carence affective maternelle, dans notre étude, le père est pris en compte dans la mise en évidence de cette carence. Sa carence est double ; il est à la fois supposé s’occuper de l’environnement de la mère et du monde interne de son fils.
- Cf. bibliographie.
- GRUYER, FADIER-NISSE, SABOURIN, La Violence impensable, Inceste et maltraitance, Nathan, 1999 p 126