L’imago maternelle, comme elle est conçue chez les agresseurs étudiés

Peu de sujets (trois de l’échantillon étudié) ont subi une vraie perte physique de leur mère voire sa mort. Ce traumatisme a été expérimenté à un âge précoce pour J.K (cas n° 17), à la post-adolescence pour A.A. (cas n° 12) et à un âge adulte pour H.A. (cas n° 20) qui passe à l’acte délictuel du viol, peu de temps après la perte de son objet primaire donc un abandon.

Chez certains, la disparition n’était pas obligatoirement par la mort mais certaines mères ont choisi elles-mêmes de partir ; La mère de F.M. (cas n° 13) s’éloigne volontairement de ses enfants après son divorce, celle de A.M. (cas n° 15) se retire de son rôle après le décès de son époux, celle de A.H. (cas n° 18) les confie à des orphelinats, par manque de support matériel et enfin celle de K.A. (cas n° 5) qui quittait souvent la maison, pour des périodes assez longues, suite à des scènes de violence familiale.

Ceux qui restent vivaient encore une expérience plus dure que celle due à une séparation réelle, l’objet narcissique primaire que représentait leur mère, était à tout instant menacé par une violence physique ou morale que nous allons aborder plus tard.

En étudiant les enfants évacués, durant la deuxième guerre mondiale, Winnicott remarque que l’enfant a une capacité limitée à garder vivante en lui la représentation d’une personne aimée lorsqu’il n’a plus aucun contact avec elle et que la séparation s’accompagne d’une idéalisation d’autant plus forte que le décalage entre la réalité et le fantasme est important surtout si cette absence et les raisons de cette absence ne sont parlées par personne.