Idéalisation :

Pour combler ce manque de représentation, l’enfant, le futur agresseur, idéalisait la mère ou s’inventait une mère imaginaire idyllique ou plutôt, il s’agissait d’une mère phallique de toute puissance que peut-être, seul à travers l’acte de viol , il pourrait posséder!

Pour A.O. (cas n° 10), cela peut expliquer son choix de victimes qui, contrairement à lui, sont toutes éduquées et diplômées, dont une est avocate, ce qui pour Balier évoque la représentation d’une mère phallique, toute puissante, ambisexuée, qui pourrait être une façon de parer au désastre d’un anéantissement dont on parlera plus tard.

Dans notre étude, la mère est presque toujours idéalisée, tous les défauts sont rejetés sur l’imago paternelle, un seul auteur d’inceste(cas n° 24) ; le plus agressif, attaque sa mère violemment en la dénigrant (il réclame les soins de sa mère que, jadis, il n’a jamais eus!).

On entend toujours « ma mère est unique et sans semblable», « personne n’est pareille», « c’est une bonne femme, elle a tout fait pour nous», « elle est un soleil, elle éclaire». Le non remariage de certaines, après le décès de leurs époux est conçu comme un sacrifice aux yeux des sujets, ne le serait-il pas transmis à travers l’inconscient de leurs mères ? L’inconscient de la mère nous paraît jouer un rôle intéressant même pour tracer l’avenir de certain déviant : Cela nous interroge sur les raisons cachées derrière le parricide de E.W (cas n° 7) : exécuterait-il un désir inconscient d’éliminer l’époux d’une belle mère beaucoup plus jeune ?

Le témoignage de M.H (cas n° 18) nous semble résumer l’idéalisation type partagée et ressentie par la plupart des agresseurs : « On lui a pas encore rendu hommage, elle a beaucoup sacrifié pour nous et a durement travaillé pour nous, elle l’est toujours, elle souffre pour nous...». L’incapacité à lui rendre hommage nous montre la perduration de cette idéalisation jusqu’à maintenant.

D’autres vont inventer des excuses qu’ils font personnellement semblant les croire, au même niveau d’idéalisation, « ma mère est une vieille dame » est pour G.D.(cas nº 8), une raison donnée à sa non visite en prison.