Un père carent ou présent-absent :

« Le père, à la fois modèle et référence, créateur et objet d’envie, inhibe, interdit, contrôle et canalise les pulsions instinctives, les élans spontanés et toute intention d’évolution ou de mutation. Mais il est aussi celui qu’on voudrait avoir avec soi, posséder et en même temps devenir et égale 265 ».

Chez certains cas, même si le père était présent physiquement, il ne remplissait néanmoins pas sa fonction, ce qui lui faisait perdre sa vraie place dans l’esprit de l’enfant. Le père déficient n’offrait pas de modèle idéal à l’enfant. Il ne contribuait pas à la formation du Moi idéal chez les sujets concernés. Il est conçu comme présent-absent aux yeux de l’enfant. Son image paternelle est instable et ne représente pas un modèle assurant et rassurant à ses enfants.

Il n’assumait pas son rôle de protection, de sécurisation et d’intériorisation. Il est souvent dénigré surtout chez les pédophiles et les incestueux.

D’après notre étude, nous remarquons que le dénigrement se présentait suivant plusieurs formes ; c’est un père malade pour les cas n° 26 et 4 et qui, pour ce dernier cas, est encore « beaucoup moins éduqué » que son épouse ; pour les cas 22 et 6, c’est un père faible ne pouvant répondre ni satisfaire les besoins de sa famille ; pour le cas n° 9, c’est un père drogué ; pour le cas n° 25, c’est un père qui prive ses enfants de la moindre affection paternelle, il les abandonne carrément ; un père chômeur pour les cas n° 3 et 18, qui laisse sa femme aller demander la charité dans les rues ; pour M.A. (cas n° 2), c’est un mauvais remplaçant du père décédé, ne réussissant pas à jouer ce rôle et pour qui l’amour paternel est déguisé et masqué ; enfin, pour A.A. (cas n° 12), ce dénigrement est à notre avis désigné par le grand silence concernant le sujet du père, il est absent dans tout l’entretien.

A un autre niveau, au niveau oedipien, le rôle du père comme agent séparateur entre l’enfant et sa mère, a été semble-t-il, de même déficient. Il échoue à se présenter, pour l’enfant, comme une source d’amour et de sécurité autre que la mère. Pour certains cas, l’enfant est toujours resté dans cette phase, pour d’autres, la différenciation était impossible par défaut d’une imago paternelle forte ; la perturbation du rôle paternel se traduit dans leurs futurs comportements et leurs peurs ou désirs de se fusionner avec la mère, comme on l’a déjà vu.

Notes
265.

- D.DUMAS, Sans père et sans parole, Hachette littératures, Paris, 1999.