Identification à l’agresseur :

Avant d’être développé par S. Ferinczi274 et avoir la nomination actuelle, Freud a évoqué la question de la répétition et sa relation à la transmission inter-générationnelle.

Par la répétition d’un traumatisme, l’individu cherche la maîtrise d’une situation de déplaisir subie, par le passage de la passivité à l’activité et par le sentiment de vengeance qu’elle procure à l’égard de l’objet déplaisant. Par la répétition, le sujet s’identifie à l’agresseur (projectivement) ; cela lui permet de le faire disparaître, de le «tuer» et de se soustraire de la situation traumatique d’agression, de même, cela lui donne l’occasion de se venger de son objet malfaisant et de l’agression qu’il a subie par le fait de l’infliger à un autre.

Cela pourrait être vrai, mais comme c’est déjà cité plus haut, les entretiens ne nous ont pas permis d’en savoir plus d’une possibilité de sévices sexuels enfantils.

Prévention du crime :

Les efforts de prévention du crime doivent traiter les deux aspects du problème : la violence et le sexe.

Le remède classique est de donner aux gens à risques une éducation, du travail et des logements convenables, afin d’éliminer les frustrations qui produisent la violence.

Le viol est aussi un crime de jeunesse. Tout travail de prévention réel concernant le viol doit prendre en compte la jeunesse en ce qu’elle est en tout. La matrice où se développent les ambitions, les normes et les institutions des jeunes ;

  1. Il faut rechercher dans les classes primaires les individus qui nous donnent signe : Les hommes qui commettent des crimes violents sont des êtres inadaptés dès leur plus jeune âge. Les individus psychotiques laissent apparaître des symptômes dès la pré-adolescence ou même l’enfance. Des conseillers scolaires entraînés seraient à même de détecter un comportement déviant, et le traitement pourrait commencer très tôt. La psychothérapie peut opérer d’importantes transformations à ces âges.

  2. Eduquer. L’éducation permet de réduire le viol. Elle donne des buts, enseigne la pratique de l’autodiscipline et redonne confiance. L’individu confronté à des modèles constructifs que son travail qui lui permet d’extérioriser ses doutes et ses frustrations a peu de chance de se conformer aux modèles de désespoir et d’acharnement destructeur qui sont ceux des êtres ignorants et non encadrés.

  3. Profiter. Le service militaire représente souvent la première socialisation pour des groupes de jeunes gens qui se retrouve souvent pour la première fois loin de chez eux, et pourrait véritablement être l’occasion de leur enseigner des valeurs constructives à propos des rôles et des attitudes qu’ils doivent adopter.

  4. Prodiguer dans les écoles une éducation sexuelle explicite275. L’essentiel de l’éducation sexuelle donne dans le vague et l’euphémisme et se contente de se référer à des généralités, toutefois apprendre à respecter les besoins sexuels de la femme comme chez tout autre individu libre et digne est nécessaire.

  5. Permettre aux jeunes hommes d’améliorer leur comportement vis-à-vis du sexe opposé. Tant qu’ils seront encouragés à croire que les femmes sont des créatures inférieures et dépendantes, asexuées et vulnérables aux traitements stéréotypés. A prévoir que le comportement des hommes est conforme au prototype du rôle masculin en vigueur dans leur culture.

  6. Enseigner aux femmes à prendre plus de responsabilités dans la conduite des relations humaines. Il faut qu’elles cessent de jouer à des jeux dangereux, d’ignorer les signaux d’une expérience périlleuse.

Notes
274.

- S. FERENCZI, Confusion de langue entre les adultes et l’enfant, 1933, trad. Franc. in : Psychanalyse IV, OEuvres complètes, Paris, Payot, 1982.

275.

- Bien que nous sachions d’avance que cette suggestion va causer des commentaires et même un refus parfait par certaines parties qui considèrent ce sujet tabou, qu’il ne faut pas l’aborder ni aux jeunes enfants ni aux adolescents ; « pourquoi leur en parler et attirer leur attention ? » ; Telle sera la première réplique.