Thérapie :

Ce sujet mérite, à lui seul, une propre thèse. Cependant, nous allons nous référerprincipalement aux expériences de Balier.

Le cadre institutionnel thérapeutique

Dans son livre «Psychanalyse des comportements violents», Balier présente le centre médico-psychologique où les « patients-détenus » suivent leur thérapie à leur propre demande.

L’unité thérapeutique se trouvait et l’est toujours au sein de la prison, elle est formée d’une équipe de quinzaine de collaborateurs, médecins, psychologues et infirmiers. Chaque groupe est constitué d’un psychiatre, un psychologue et deux ou trois infirmiers (ou infirmières). La règle de service, dûment présentée aux patients, consiste dans la transmission de toutes les informations aux autres intervenants.

Balier insiste sur l’importance du groupe, dans ce genre de thérapie, en partant de la nécessité de la restauration pare-excitations face au régime pulsionnel détecté chez ses patients, afin de faire face aux grandes quantités d’énergie qui devront se transformer en petites quantités pour permettre l’instauration de la pensée. Pour lui, il fallait tout un cadre institutionnel suffisamment solide pour leur éviter d’être détruits, et d‘être assimilés à une « mauvaise mère ». Le cadre n’a pas en soi une fonction de pare-excitations, il la remplit dans la mesure où le moi du patient s’identifie à lui, ajoute-t-il. Dans les cas heureux, le patient s’identifie au soignant qui cherche à comprendre ce qui se passe à l’intérieur de lui, et devient son propre thérapeute en découvrant qu’il y a quelque chose qui se passe à l’intérieur, responsable pour lui de ses difficultés et réactions. La survenue de rêves traduit cette attitude, qui sont au début, des cauchemars et des rêves d’angoisse.

A son avis, le travail d’équipe avec de tels patients est nécessaire dans le but de faire bloquer le développement des fantasmes les plus archaïques au risque de créer des situations favorisant, ou fonctionnant en circuit fermé à l’abri de l’idéalisation.

Balier s’intéresse de même, dans sa thérapie, à instaurer des assises narcissiques chez ses patients qui interviennent très tôt dans la formation du Moi, empêchant par suite l’instauration d’un processus constructif régulier permettant d’accéder à des moyens défensifs évolués et à des identifications secondaires stables.

En résumé : Le travail thérapeutique de Balier se fondait essentiellement sur le travail avec et sur le contre-transfert, en repérant les réactions induites chez les soignants par les patients, par la voie de l’indentification projective, pour lever les obstacles afin de permettre le passage de l’agir à la pensée.