La première pierre d’achoppement entre Montuclard et ses supérieurs réside dans la situation du religieux lui-même, situation qui ne s’est guère clarifiée avec la fondation de la Communauté191, de sorte que la question arrive au niveau du Père Général – c’est alors le père Gillet, élu en 1929 -, qui souhaite que le père Montuclard choisisse clairement entre le ministère et l’enseignement192. Il est possible qu’à ce moment là – décembre 1936 – Montuclard ait obtenu, comme il l’affirme, du père provincial la permission de s’établir à Lyon pour s’occuper plus facilement de la Communauté. Cependant, la visite canonique du Maître Général au couvent de Saint Alban-Leysse en février 1937 remet tout en cause. Celui-ci, qui souhaite y intensifier le travail intellectuel, interdit tout ministère aux professeurs en dehors des périodes de vacances193. Dans le cas du père Montuclard, il apprécie peu ses allées et venues à Lyon et sa participation à des réunions forcément tardives, avec des laïcs pris durant la journée par leurs obligations professionnelles : « ‘Je n’aime pas beaucoup – et j’ai mes raisons pour cela – qu’un père sorte le soir et assiste à des réunions qui le mettent une partie de la soirée hors du couvent ’».
C’est donc d’abord de l’incompatibilité entre les exigences de la vie conventuelle et la participation à une oeuvre séculière que les désaccords permanents entre Montuclard et ses supérieurs sont le symptôme. Cette situation contraint le religieux à échafauder en permanence des stratagèmes pour quitter le couvent. Mais il y a plus : c’est une condamnation de fond de l’expérience lyonnaise que prononce le Maître Général.
La documentation manque pour suivre les péripéties de l’année 1936 et l’interprétation qu’en donne Montuclard, dans un bref résumé, est fortement sujette à caution. Une allusion, dans une de ses lettres au prieur de Saint-Alban-Leysse (décembre 1936), laisse penser en tout cas que rien n’est réglé : « Mon seul regret, c’est d’avoir demandé de suivre des cours à la faculté, sans vous dire explicitement que mes séjours à Lyon étaient nécessités par le ministère lui-même ».
Lettre du père Montuclard au père Lesimple, 9 décembre 1937, F.M., carton 8, chemise 5, liasse 2, série 4.
« Je suis décidé à obtenir des pères lecteurs qu’ils gardent la résidence et se consacrent entièrement à leur tâche ». Lettre du Père Général au père Montuclard, 5 ou 6 juin 1937.