III RESISTANCES ? UNE PRISE DE CONSCIENCE PROGRESSIVE 

Dans la bourrasque de 1940, la Communauté a été avant tout ébranlée par la guerre et par la débâcle. Atteinte dans sa chair - Louis Dominjon mort au combat, des parents de membres tués dans les bombardements et les attaques de bâtiments civils -, dispersée par la débandade des armées et l’exode des populations, elle est occupée comme beaucoup de Français, à compter les siens et à se retrouver. Si les écrits du mouvement laissent voir le choc de l’invasion296 et de la défaite297, rien ne transparaît d’éventuels débats sur le changement de régime et l’installation de l’Etat Français. Impossible toutefois d’en déduire une éventuelle indifférence du groupe à l’égard de ces questions. L’ancienne position de Montuclard aux Amis de Sept, la cohabitation avec Mounier dès le mois d’août 1940 à Montverdun et surtout l’intégration, après l’installation rue Pizay, au microcosme intellectuel lyonnais, dans lequel circulent les nouvelles et s’engagent des débats passionnés, laissent penser que la Communauté – du moins ses membres les plus engagés - n’a pu rester à l’écart d’une réflexion politique. En l’absence de sources écrites, absence justifiée par la censure des publications298 et de la correspondance, on ne peut avoir la moindre idée sur la teneur de cette réflexion. Dans les quelques lettres disponibles qui datent de cette période, comme dans le premier cahier de J.E., on cherchera en vain la moindre allusion à la situation politique : les préoccupations de Montuclard et de ses amis sont entièrement tournées vers le devenir de la Communauté299 et ses projets en matière religieuse. En revanche, la participation de plusieurs personnalités du groupe aux instances mises en place par le régime sont significatives d’une attitude bienveillante.

Notes
296.

« Nous avons redécouvert la France », Message n° 12, 25 mai 1940.

297.

« Après la bourrasque », Message n° 14, 2 août 1940.

298.

Message n’est autorisé à reparaître qu’en avril 1941.

299.

Cf notamment la correspondance de Montuclard avec ses supérieurs dominicains depuis Montverdun.