CHAPITRE II : LE TEMPS DU RAYONNEMENT (1946-1949)

L’installation de Jeunesse de l’Eglise à Paris dépasse les incidences d’un simple déménagement. Certes, la présence dans la capitale facilite les contacts avec les élites intellectuelles et les autres tendances de cette gauche catholique qui se veut en pointe de l’Eglise. Mieux qu’à Lyon, le mouvement peut s’immerger dans ce courant euphorique qui caractérise les années de l’immédiat après-guerre. Mais cette nouvelle localisation coïncide aussi avec un renouvellement profond de l’équipe et une organisation nouvelle qui fonde JE en un vrai mouvement, dépassant cette fois l’existence de la revue pour s’ancrer dans le militantisme. Surtout, Jeunesse, se trouvant alors en adéquation avec les préoccupations de son époque, à la confluence de l’inquiétude missionnaire des milieux chrétiens et de la prise de conscience largement partagée des urgences sociales, engrange les dividendes de ses recherches menées en avant-garde dès avant et au coeur des années noires. Elle se voit alors reconnaître un magistère dans son domaine et reçoit la considération des plus hautes instances pour sa courageuse exploration des marges sociales les plus éloignées du christianisme. Pourtant, c’est aussi dans cette période que JE se forge une théologie de plus en plus radicale qui débouchera, lorsque toutes les conclusions seront tirées, sur la crise et l’affrontement avec l’institution. Pour l’heure, en s’installant à Paris, JE se donne les moyens d’un nouveau départ.