C) Une nouvelle organisation

1) Le siège parisien

Le Petit-Clamart est le siège de l’Association Jeunesse de l’Eglise. Tête pensante du mouvement, il porte le nom de « Centre de Recherche ». Il a en charge les publications et l’organisation des sessions. Il emploie les permanents du mouvement, dont le nombre a varié selon les ressources. A Clairbois, ce groupe compte quatre personnes : Maurice Montuclard, Marie Aubertin, Jacques Roze et une secrétaire. Ce dernier poste a connu plusieurs titulaires : Isabelle Richardier jusqu’en 1948, puis Georgette Althusser durant quelque temps à l’automne 1948, remplacée par Marthe Aubertin qui assure cette fonction jusqu’à la crise de la fin 1949. Après un intermède où Marie Aubertin reste la seule permanente, Maryse de Gaudemar gère le secrétariat rue de l’Odéon jusqu’au départ pour la rue Bessières.

Le centre parisien est également le siège du comité directeur, composé de neuf membres, dont une partie est responsable de la vie du mouvement et l’autre, « l’équipe ouvrière », de la confection des Cahiers. Celle-ci s’appuie sur une coopérative ouvrière de production, constituée le 16 juin 1946 et dont le capital, fixé à sept cent mille francs est divisé en quatre cents parts de deux mille francs souscrites par les amis et abonnés de la revue.366 Ce capital ne fut couvert qu’à moitié par la souscription, le reste étant prélevé sur les cotisations et sur les contributions de la caisse de solidarité qui assurent le fonctionnement de l’association. Déficitaire de manière chronique, les comptes de la coopérative sont équilibrés par des apports personnels de certains dirigeants.367 La formule de la coopérative sera abandonnée en 1949 pour ces raisons financières. Quand, après la crise traversée alors, JE voudra publier à nouveau, elle s’adressera à des maisons d’édition (les Editions ouvrières, puis les éditions du Seuil).368

Amplifiée par l’unité géographique, l’activité du centre est particulièrement intense. Les réunions se succèdent, trois soirées par semaine en règle générale. L’une reste essentiellement religieuse369, les deux autres sont consacrées au fonctionnement du mouvement et au contenu des publications. Mais souvent des visiteurs de passage suscitent le regroupement de tous. Quand un Teilhard de Chardin ou un Chenu viennent à Clairbois, la discussion se poursuit après dîner fort avant dans la nuit. Marie Aubertin tient ainsi table ouverte avec les maigres ressources d’un temps de restrictions complétées savamment par les sacs de pois cassés des « déblocages collectifs » et les produits du potager. Dans la vie du groupe, l’assemblée chrétienne hebdomadaire tient une place essentielle. Elle concrétise aussi les principes théologiques du mouvement.

Notes
366.

Cf la souscription d’Emmanuel Mounier pour une part le 10 août 1946. F. M. 1, 9, 4, 73.

367.

Particulièrement Paul-Henri Chombart de Lauwe, qui d’après Jacques Roze « y laissa des millions » (Entretien du 25 octobre 1994). Propos confirmés par les archives du mouvement (Cf F. M. 1, 11, 2, 4 : reconnaissance de dette, 16 mars 1959)

368.

Cf infra, page 288.

369.

Cf paragraphe suivant : L’assemblée chrétienne hebdomadaire.