I LA RADICALISATION THEOLOGIQUE : DIEU, POUR QUOI FAIRE ?

Après un an de silence paraît donc un nouveau Cahier, dans une formule renouvelée. « ‘On a souvent reproché [aux anciens Cahiers], dans le passé, de ne guère s’adresser qu’à des philosophes de métier. Nous avons médité ces critiques et nous avons reconnu que le style et la présentation de nos fascicules étaient encore une manière de tenir l’Evangile captif. Les intellectuels ont eu, grâce à Léon Bloy’ ‘, à Jacques Maritain’ ‘, à Emmanuel Mounier’ ‘, à tant d’autres, les moyens de surmonter les routines et de redécouvrir la liberté de l’Evangile. Les gens simples n’en ont pas bénéficié. Ils attendent ce pain-là aussi et nous avons pensé que nous ne pouvions pas ne pas essayer de le rompre avec eux.’ » On retrouve là le souci de J.E. de se rapprocher du monde ouvrier qu’elle entend toucher et qu’elle sait n’atteindre que de manière très limitée. De fait, le format adopté dès la première édition697 (in 16°, soit 12 x 18,7) en fait un livre de poche. L’austère couverture beige est abandonnée au profit d’une nouvelle maquette, rouge et blanche pour la première édition, jaune et blanche dans la seconde. Les articles, en nombre limité (quatre, en 125 pages), usent d’un vocabulaire clair et accessible, d’un style quelque peu relâché. Trois d’entre eux s’apparentent à des témoignages, volontairement concis et au style enlevé. Deux sont anonymes, marqués de simples initiales698, le dernier est signé Etienne Borye, un pseudonyme. Leur brièveté met d’autant mieux en valeur le texte fondamental de l’ouvrage, intitulé « Inutilité de Dieu »699, tout entier de la main de Maurice Montuclard, mais attribué impersonnellement à Jeunesse de l’Eglise afin de passer outre aux lois ordinaires de l’imprimatur, procédure longue et dont la réussite était cette fois loin d’être assurée.

L’avant-propos de l’ouvrage affirme plus clairement que jamais les choix fondamentaux de Jeunesse de l’Eglise : « ‘Les pauvres sont, en ce moment, incompris, accablés, opprimés, persécutés, comme ils ne l’avaient été depuis longtemps : comment ne pas crier qu’en dépit de fâcheuses apparences, le Christ n’est pas du côté de ceux qui oppriment et exploitent ; comment ne pas clamer la Bonne Nouvelle, la Bonne Nouvelle d’une religion véritable dégagée des superstitions et des routines, qui leur rend à la fois Dieu et la possibilité de travailler efficacement à leur libération ? (...) En vivant davantage avec les pauvres, avec les militants ouvriers, pour partager mieux leur insécurité, leurs inquiétudes, leurs colères, leurs luttes, nous avons fait à notre tour, une découverte bouleversante, celle de la révélation permanente que Dieu fait aux petits et aux pauvres du mystère de sa Charité. Ce sont eux qui, désormais, deviennent, en quelque sorte, nos maîtres. Et tout notre travail ne peut plus avoir maintenant d’autre sens ni d’autre but que de traduire, à la lumière de la pleine révélation authentifiée par l’Eglise, ce que, eux, vivent quotidiennement, magnifiquement, mais la plupart, hélas, sans le savoir.’ »700

L’article de Montuclard s’attaque à la question centrale pour des chrétiens : l’existence et les causes de l’athéisme701. Question qu’une action missionnaire ne peut éluder, d’autant plus que le travail quotidien aux côtés d’athées a fait prendre conscience à de nombreux militants chrétiens de la force de l’athéisme dans le monde moderne et que leur foi peut en être ébranlée. Cette méditation concrétise un désir ancien de Montuclard de prendre à bras le corps cette question fondamentale : que reste-t-il de la foi chrétienne passée au crible de l’athéisme contemporain ?

Dans une première partie, Montuclard montre comment l’humanité est passée du blasphème à l’athéisme, un athéisme historique et non plus d’opinion . Longtemps, l’homme s’est retourné contre Dieu ; désormais, Dieu est une idée inutile : la science explique le monde ; l’homme est capable par ses seules forces de le transformer ; l’athéisme produit des héros et des modèles aussi grands que les saints...Les croyants ont présenté Dieu comme l’idée la plus utile et ils ont été battus sur ce terrain. Face à cette situation, deux voies s’offrent aux chrétiens : la première consiste à dénoncer la confusion faite par les athées des avantages de la croyance pour l’homme et des preuves de l’existence de Dieu, puis à prouver celle-ci par la nature et la raison. Mais, risquant une fois de plus l’accusation de fidéisme que certains de ses adversaires ne manqueront pas de brandir, Montuclard récuse cette possibilité : qu’est-ce en effet qu’un Dieu qu’on atteint par la raison et la nature ? La deuxième voie s’appuie non pas sur le pourquoi , mais sur le comment de la croyance. Trop souvent, les avantages attendus de Dieu tiennent plus de place que Dieu lui-même. C’est la loi des Juifs de l’ancienne Alliance ou de beaucoup de personnes jeunes, à qui tout - parents, compagne ou compagnon, amis, Dieu - doit servir pour forger leur personnalité : ‘’On se donne aisément, on meurt avec le sourire, mais c’est la prodigalité de quelqu’un qui n’a pas encore découvert la valeur de ses biens.’’702 Cette foi-là est superficielle, inaboutie et ne résiste pas aux désillusions de la maturité. C’est alors soit la rupture, soit le retour à une religion routinière et conformiste, soit l’accès à la vraie foi, celle qui consiste à « se tenir élevé vers Dieu. 703« Ce passage s’effectue la plupart du temps par le biais de l’engagement, comme le montre Montuclard : « ‘Je prends comme exemple l’action de quartier. Problème numéro un : aider les gens à se loger. Obstacles gigantesques. Pour les vaincre, impossible de rester entre chrétiens militants : il faut être en nombre. Pourquoi d’ailleurs mettrait-on le christianisme en avant dans cette affaire ? On ne peut même pas dire que c’est le christianisme qui nous pousse, puisque des non-chrétiens marchent avec nous (...) Mais alors on n’est plus tenté d’exiger de la religion ce qu’elle n’a pas à nous apporter. Ce n’est pas la foi en Dieu qui fera surgir des maisons, pas plus qu’elle n’obtiendra des gouvernements qu’ils utilisent pour la vie et non pour la mort la richesse et le travail d’une nation. Coopératives d’habitation à bon marché, action politique : l’homme prend conscience de ce qu’il est et de ce qu’il peut (...) Cette fois au moins, le terrain est déblayé. 704« Si l’on pousse au bout le raisonnement, « peut-être même est-il plus spécialement indispensable que nous fréquentions des incroyants, des athées (...) Car ne sont-ils pas à nos côtés pour nous aider à entrevoir le mystère, le grand mystère de Dieu ? ’»

En écrivant ces lignes, Montuclard a-t-il en mémoire la contribution fournie quelques mois plus tôt par Louis Althusser à l’enquête sur la liberté des chrétiens705 et où il distingue trois attitudes possibles pour les chrétiens confrontés à l’athéisme : ‘« Reconnaître pleinement la valeur d’une existence qui s’est dépouillée de l’idée de Dieu : cela vous entraîne à renoncer vous-même au vêtement de la religion ; rester à l’intérieur de la religion et juger l’athéisme de l’extérieur, donc, quelle que soit son honnêteté, le méconnaître ; ou bien, enfin, vous reconnaîtrez avec le meilleur coeur, la valeur humaine d’une existence sans Dieu, vous en reconnaîtrez le contenu, même vous reconnaîtrez que Dieu est absent de son contenu, mais vous proclamerez que les hommes qui vivent cette vie pleinement humaine ignorent qu’elle témoigne de Dieu, c’est-à-dire que vous accepterez apparemment le contenu de cette existence humaine, vous n’en changerez que le sens. A la limite vous pouvez concevoir que l’humanité vivant cette vie sainte sans Dieu, cette vie témoignerait quand même de Dieu à condition qu’une seule conscience, la vôtre ou celle de Dieu rendît témoignage que cette vie sans Dieu ignore celui « qui la guide. ’»

Reconnaissance de la valeur de l’athéisme, importance capitale du témoignage : voilà les points fondamentaux que Montuclard revendique. Lui qui a si souvent proclamé la valeur de l’humanisme moderne va ici plus loin encore : « ‘La pression qu’exerce l’athéisme sur chacun de nous et sur toute l’Eglise est en train, avec l’aide de Dieu, de nous transformer, de nous refaire croyants et vraiment chrétiens (...) C’est ainsi qu’un mal intolérable est en train de redonner au christianisme et à l’Eglise la force, la pureté, la simplicité de la jeunesse.’ »706 L’athéisme joue comme un révélateur, un purificateur : les chrétiens avaient fini par rétrograder la foi au second plan, derrière les « vertus chrétiennes » de charité ou de justice, par l’ensevelir sous l’accumulation des preuves et des raisonnements. L’athée leur révèle au contraire la non-ustensibilité de Dieu et la gratuité de son don : Montuclard retrouve ici saint Jean de la Croix qui voit dans toutes les manières de croire des écrans à la certitude de l’amour de Dieu.

Mieux, l’athéisme a rendu à l’Eglise sa vocation missionnaire, celle pour laquelle elle a été instituée par le Christ. Mais là aussi, le défi de l’incroyance moderne conduit à une purification : « ‘L’incroyant d’aujourd’hui n’est plus le païen inculte et primitif que dépeint notre imagerie : c’est un homme, un homme conscient de l’homme et résolu à faire respecter l’homme (...) Mais tant que nous voudrons d’abord proposer notre morale ou notre sociologie, nous nous heurterons à d’autres théories, d’autres expériences, d’autres réalisations ; nous ne convaincrons personne, nous n’attirerons personne, nous serons des « colonialistes », des cléricaux, non des missionnaires : et le nom de Dieu sera blasphémé. ’» Et le texte de se conclure sur la proclamation de la liberté humaine ; « ‘Reconnaissons la liberté sur tous les plans où Dieu a créé [l’homme] libre ; après, après seulement, nous pourrons, par notre témoignage lui montrer que Dieu est la source plénière de sa liberté. ’»707

D’une certaine manière, J.E. ne sortait pas des thèmes qu’elle avait explorés depuis ses débuts : primauté de la foi (« ‘Que nous donnions d’abord Dieu aux hommes et le reste viendra de surcroît’ ») ; valeur de la démarche d’assomption des valeurs humaines (« ‘L’Eglise est capable d’appuyer, de purifier, d’élever toutes les formes à venir de l’humanisme’ ») ; réaffirmation de la vie de foi comme seule forme possible du témoignage ‘(« Le seul témoignage d’une vie dominée, non par des lois morales ou des théories abstraites, mais par une union vivante au Dieu vivant. ’»)708

Mais Dieu pour quoi faire ? va plus loin, en faisant de l’action dans le monde, « en plein vent » au milieu des hommes le moyen d’accès à la vraie foi : « ‘Tant qu’on n’est pas pleinement des hommes, avec tout ce que ça comporte d’expériences, de pensées, de saine confiance en soi-même - et même de péchés -, on n’arrive jamais à savoir ce que c’est que croire.’ » Face à ceux qui pensent que la politique détourne la religion, Montuclard répond que cela est vrai quand on remplace purement et simplement l’intérêt qu’on portait à l’Action catholique par celui qu’on porte ensuite à l’action d’un parti, mais faux si l’on veut bien tirer les conclusions de la constatation à laquelle conduit l’engagement : tous les appuis sur lesquels on avait étayé sa foi ont craqué et cependant l’on est toujours croyant. Cette conclusion, c’est que la foi est un don, le don de la connaissance de Dieu, le don de son amour pour les hommes. « ‘Il reste à la foi d’être, dans l’homme conscient de ses pouvoirs, un appel incessant à l’abandon (...), d’exiger de l’homme le seul renoncement qui soit digne de lui, le renoncement pour accepter le don d’un amour incompréhensible.’ »709

Cette affirmation de la gratuité de la foi, d’une foi nue, dépouillée de ses oripeaux moraux ou sociologiques n’est pas sans rappeler la  fides sola, la « foi seule » de la Réforme luthérienne. Elle s’appuie aussi sur le principe d’une altérité radicale d’un Dieu tout autre, « ‘mystérieux, insaisissable, déroutant (...) qui brouille les pistes et se dérobe (...) à notre raison orgueilleuse’ »,710 dans lequel on a déjà décelé l’influence de Karl Barth. Mais ici, elle débouche sur une revendication de la liberté de l’homme, maître de son destin individuel et collectif : il n’y a pas à demander à Dieu de transposer sur terre la cité céleste, car l’homme a désormais entre les mains les moyens de la construire : « ‘Ce paradis sur terre, cette société sans classes où l’exploitation de l’homme par l’homme aurait définitivement disparu, à nous de l’imaginer, d’en provoquer et hâter l’avènement par une action patiente et hardie, appuyée sur une science de plus en plus précise des lois qui gouvernent l’évolution et le progrès de la société (...) Nous ignorons sans doute encore en partie ce dont la sociologie, le socialisme scientifique, la psychologie, la pédagogie et tant d’autres sciences nous rendront un jour capables. (...) Mais nous sommes déjà sûrs qu’un immense espoir est désormais permis. Et nous ne devons pas nous laisser désorienter par les difficultés et les malheurs du temps qui ne sont sans doute que les contre-coups inévitables d’une gigantesque crise de croissance.’ »711 Ce morceau de bravoure scientiste teinté de marxisme avait tout pour laisser pantois les tenants d’un christianisme eschatologique comme le père Daniélou qui réplique avec véhémence dans Dieu Vivant : « ‘Et c’est cette espérance que le père Montuclard’ ‘ semble penser que le chrétien peut partager...Or, si c’est là ce que l’on entend par efficacité, il faut dire en effet que le christianisme n’est pas efficace, mais il faut ajouter aussitôt que cette efficacité n’existe pas (...) Car cette efficacité, il faut bien le dire, est le plus grossier des mensonges. Le christianisme a raison de n’en pas vouloir. Sa grandeur est précisément de se refuser à tromper les hommes (...) Cette espérance humaine, qui impressionne tant le père Montuclard’ ‘, est un mythe sans consistance, un grossier slogan. La mystification que les marxistes reprochent aux chrétiens, ce sont eux qui l’opèrent.’ »

Face à cette espérance placée dans le communisme, Montuclard est en train de négocier un sérieux virage. Il s’en expliquait déjà dans la Lettre d’octobre 1950. S’il continue à affirmer haut et fort la distinction du spirituel et du temporel, il n’en dénonce pas moins ceux qui, à force d’agir « ‘en tant que chrétiens et non en chrétiens’ » selon la formule de Maritain reprise une fois de plus, finissent par réduire leur christianisme à une étiquette.

Surtout, il voit ‘« la masse militante, jadis hypnotisée par l’ordre social chrétien [qui] se met à affirmer la distinction des deux ordres ,’ » face à l’appel des avant-gardes à démarquer l’Eglise des forces réactionnaires. Autrement dit, le combat se déroule désormais à front renversé entre ceux qui hurlent désormais au confusionnisme de gauche et ces chrétiens qui s’engagent de plus en plus dans le débat public, sur le conflit indochinois,  la bombe atomique, la guerre de Corée...

Montuclard a son point de vue, dans lequel chacun verra, selon sa bienveillance, un ajustement ou un revirement tactique : « ‘S’il est nécessaire d’affirmer plus que jamais la distinction du spirituel et du temporel, il est non moins important de constater qu’il est, dans les faits, impossible de les séparer effectivement (...) Et c’est peut-être un des traits distinctifs du christianisme et de l’Eglise du Christ d’être capables d’apprendre aux croyants de rendre à César ce qui est à César, en leur apprenant à rendre à Dieu ce qui est à Dieu.’ » Y a-t-il cependant dans l’attitude des chrétiens risque de compromission de Dieu avec la politique, d’oubli de la transcendance, d’un « christianisme ouvrier » et d’une « Eglise de gauche » qui succéderaient à un christianisme bourgeois et une Eglise de droite? Montuclard répond dans Dieu pour quoi faire ? : il y a l’Eglise et les églises. L’Eglise est catholique et universelle mais les églises peuvent bien avoir leurs particularités. On prêche en allemand dans les églises allemandes, même si un Français ou un Chinois, présents, n’y comprendraient rien. De même il y a des églises bourgeoises et il doit exister des églises pour des ouvriers. Cette approche se heurte à deux écueils : tout d’abord, l’illusion que le christianisme ambiant est pur, transcendant, alors qu’il est imprégné des modes de vie bourgeois, auxquels les prolétaires sont étrangers ; ensuite, les réticences de l’Eglise à s’incarner pleinement en milieu ouvrier, c’est-à-dire à accepter d’épouser vraiment son univers mental et ses valeurs : ‘« On accepterait bien que l’on crée des communautés où le langage, les manières, les vêtements s’adapteraient au style de la vie ouvrière(...) Mais si, dans ces communautés, l’on signe l’appel de Stockholm, si l’on y soutient courageusement les grévistes, si l’on y condamne nettement l’exploitation capitaliste, alors beaucoup s’indignent et affirment que c’est trahir l’Evangile, le Sacerdoce de l’Eglise.’ » En quelque sorte, Montuclard transpose sur le plan de l’ecclésiologie la critique formulée par son confrère Congar contre les milieux romains sur le plan théologique : « ‘Vous affirmez avec l’autorité du magistère des positions d’école’. » Ce thème des deux cultures, il le développe à l’envi en faisant s’adresser un ouvrier à des catholiques bourgeois : « ‘Trouvez-vous étrange que les prêtres de vos collègues enseignent à vos fils toutes les traditions de votre culture et de votre milieu ? Vous semble-t-il qu’ils compromettent Dieu parce qu’ils commentent Horace ou racontent à votre manière l’histoire du colonialisme au XIXe siècle ? Et pourquoi serait-il déplacé, choquant, inquiétant que les prêtres que le Seigneur nous a enfin envoyés, après une attente de presque un siècle, épousent eux aussi le meilleur de nos coeurs, nos aspirations, nos justes colères et nos luttes ?’ »712 « ‘Eh bien non, cher monsieur qui vous indignez, il n’y a là, de soi, aucune perversion, aucune trahison. Mais ce que vous faites, vous, à votre manière, nous le faisons, mais à la nôtre.’ » Et la tirade se poursuit selon un schéma socio-historique clairement inspiré du marxisme : » ‘Vos intérêts, votre culture, toutes vos traditions, tout ce qui pour vous donne du prix à la vie, se trouve lié à un système social, à une conception de la propriété et de l’entreprise, à une organisation politique que vous avez créés, défendus et où vous vous êtes taillés la part du lion (...) Vous avez bâti un monde en 89 et nous, continuant ce que vous avez commencé, nous en préparons un autre (...) Et ce monde-là, nous savons que tous les ouvriers et tous les exploités le portent et le préparent avec nous.  Si nous sommes aujourd’hui pour la liberté et pour la paix, si nous luttons dans nos syndicats, si nous occupons les appartements inemployés, si nous regardons avec objectivité ce qui se passe du côté de l’Est, c’est tout simplement parce que nous sommes ainsi et que tel est notre humanisme. Que nous fassions ensuite une politique qui colle avec ce sens de l’homme que nous portons dans les tripes, qui nous en refuserait le droit ?’ »713

A ce stade, la seule question qui vaille porte sur la capacité de l’Eglise de se désengager d’une civilisation qui s’écroule pour adhérer au monde nouveau que la classe ouvrière est en train de forger.

Notes
697.

L’ouvrage a été édité deux fois : début 1951 par les Editions Ouvrières et à l’automne par les Editions du Seuil. La première édition fut titrée, à la suite d’une erreur typographique Dieu, pourquoi faire ?, ce qui accentua encore le caractère provocateur de l’interrogation.

698.

C.J. et G.F. Il s’agit sans hésitation possible de Cécile Jullien et Gilles Ferry.

699.

Le titre se présente sous la forme d’une question - ultime prévention ? -, mais, dans le sommaire et les en-têtes de pages, le point d’interrogation disparaît.

700.

Dieu, pour quoi faire ?, pages 10 et 11.

701.

Voir le tract de lancement en annexe XIV, F. M., 9, 6, 11.

702.

Dieu, pourquoi faire ?, page 42.

703.

Ibid, page 44.

704.

Ibid, pages 43-44.

705.

Louis Althusser, contribution au Cahier 11, 10 mars 1949, Archives IMEC.

706.

Dieu, pour quoi faire, pages 83 et 85.

707.

Ibid, page 84.

708.

Ibid, pages 82 et 84.

709.

Ibid, pages 51 et 52.

710.

Ibid, pages 50.

711.

Ibid, page 51.

712.

Ibid, page 68.

713.

Ibid, pages 66 et 67.