IV La réflexion du dernier Montuclard

« ‘Je n’ai eu, de ma vie, d’autre préoccupation profonde que celle de l’Eglise, de sa vérité, de son rôle dans le monde, de l’esprit du christianisme’ » écrit Maurice Montuclard dans  « l’argument » qui ouvre le dixième des onze cahiers d’écolier sur lesquels il couche ses réflexions et dont il entame la rédaction en juin 1982920. Comme s’il pressentait les attaques cérébrales qui allaient deux ans plus tard l’isoler dans un long silence, il entreprend dans ce document un grand retour en arrière. « ‘A la fin de sa vie, il est normal de se pencher sur son passé. Surtout quand une vie a été coupée en deux et que la deuxième partie permet de repenser la première, selon un autre point de vue’ »921. Mais au lieu de se livrer à un exercice purement introspectif, il entend poursuivre la réflexion qui au fond ne s’est pas interrompue : «  ‘Le fait que ma vie ait été en quelque sorte coupée en deux ne m’a pas détourné de cette recherche qui, après avoir été conduite et contrôlée en équipe, est devenue, depuis la coupure de 1953, un soliloque sans discontinuité’ ».922 Ainsi, au titre « ‘Les mythes et la foi. Bilan de trente ans de réflexion chrétienne’ », qu’il choisit pour ses derniers écrits, il substitue aussitôt : « ‘Les mythes, les événements et la foi’ » et remarque :  « ‘Pourquoi ai-je songé à me rattacher au texte de 1952 ? Instinctivement peut-être ...’ »923. Et tout le travail de ces années-là constitue une mise en perspective critique des choix condamnés par la hiérarchie catholique en 1953.

Notes
920.

Cahier manuscrit n° 10, 4 juin 1982, page 4. Archives privées de Mme Marie Montuclard .

921.

Ibid, page 3.

922.

Ibid, page 52 .

923.

Ibid, page 43 .