1.1 - Modèles de Biologie criminelle

Ces modèles comprennent les modèles psychiatrique classique et génétique.

1.1.1 - Modèle Psychiatrique classique

Le point de départ de ces travaux fut l'oeuvre du psychiatre Esquirol selon qui le criminel est un aliéné mental. Le criminel de ce point de vue serait un maniaque ou un schizophrène paranoïaque. La conclusion de ces travaux a été longtemps les points de référence de certains auteurs qui n'ont pas hésité à assimiler le criminel au délirant ou à l'épileptique en crise. D'autres ont proposé dans l'examen de la personnalité du délinquant, de recourir à l'expertise psychiatrique pour savoir si le sujet est aliéné ou non ou même s'il est psychopathe ou non.

A ce propos, la psychiatrie a classé dans le D.S.M. III-R 2 les troubles psycho-organiques et les dérèglements de la conduite. Trois grands groupes sont évoqués : les schizophrénies, les paranoïas et les psychopathies, groupes pris en compte dans l'étude de la personnalité criminelle (Milla, 1991, 182-183 ; Canepa, 1991, 51). Millaud (1996, 10) rejette les diagnostics de trouble de personnalité, d'abus d'alcool ou de drogues qui font partie des classifications diagnostiques usuelles selon le DSM-IV. Des facteurs de risque ont été identifiés dans des études épidémiologiques chez des malades mentaux arrêtés, chez des patients hospitalisés, chez des patients traités en externe, dans des familles avec un membre malade mental et dans la population générale (Torry, 1994). Millaud (1996, 14-16) suggère que tout clinicien fasse l'évaluation des facteurs de risque avec un inventaire de dangerosité. Hodgins (1994, 347) a montré que les personnes souffrant de troubles mentaux graves présentent un risque élevé d'action criminelle. Mais ce modèle à notre avis comporte des limites. En effet cette perspective a été critiquée par des auteurs dont Mucchielli (1971, 98) selon lequel il s'agit plutôt de «fausse délinquance» et non de délinquance vraie. A ce propos, Tomkiewicz (1981, 83-86) note : «les termes de "pervers" et de "psychopathes" qui feront plus tard l'enjeu des batailles d'experts aux procès, ne sont non plus, d'aucun secours à celui qui veut comprendre le phénomène et encore moins à celui qui cherche à le prévenir ou à en diminuer l'importance».

Il apparaît donc que le comportement délinquant est un élément d'un ensemble de comportements (autisme, incohérences du discours, délires etc.) en rapport avec l'altération de la personnalité du sujet et qui consistent à la négation de la réalité. D'ailleurs l'inventaire de personnalité de Millaud (1996) considère également des facteurs biologiques et environnementaux etc. Il y a donc des limites à considérer uniquement des comportements délinquants comme résultat d'une altération mentale, d'où la proposition du modèle génétique.

Notes
2.

Manuel Diagnostique et Statistique, Troisième Edition Révisée, Manuel publié par l'Association Psychiatrique Américaine.