2.2 - Modèles axés sur des programmes

Trois modèles de programmes sont ici développés : les programmes de prévention sociale ; les programmes de prévention policière et les programmes de limitations des occasions de crime.

2.2.1 - Programmes de prévention sociale

Ils constituent les premières expériences de prévention de la délinquance juvénile depuis 1960. Il s'agit d'expériences conduites par des travailleurs sociaux en dehors de toute intervention policière et judiciaire. Ces programmes ont connu une certaine évolution notamment aux Etats-Unis (Amérique du Nord) ou deux catégories de programmes avaient cours. La première regroupait les programmes d'intervention sur l'environnement reposant sur des théories sociologiques de la délinquance des jeunes en modifiant le milieu social dans lequel évoluent ces jeunes conformément à la conception de «thérapeutique de masse». Cette catégorie comprenait également la transformation globale de l'environnement par un effort de réorganisation générale de la communauté (AREA Approach) : exemples : Le Chicago Area Projet (CAP) ; L'ABCD de Boston et CPI de New-Haven etc. Ces programmes se sont orientés également vers l'organisation des loisirs des jeunes ; appelés programmes d'intervention culturelle préventive ; ils ont, il semble, été efficaces pour les pré-adolescents de 12 à 13 ans (Gassin, op. cit., 676-678).

La seconde catégorie de programmes nord-américains de prévention sociale a consisté en programmes dits pédagogiques et thérapeutiques. Ces programmes reposaient sur des interprétations bio-psychologiques ou psycho-sociales. De ce point de vue, la prévention n'est plus globale c'est-à-dire exercée sur une masse de jeunes «à risque», mais elle est sélective car s'adressant directement aux individus, enfants difficiles et leurs parents ; les techniques utilisées sont d'Intervention individualisées : Casework, Groupwork et Counseling.

Exemples : programmes d'organisation de systèmes tutélaires (Cambridge - Somerville Youth Project, Programme de Colombus-Ohio) ; programmes d'Action sur les bandes des jeunes ; consultations d'intervention éducative (Child Guidance Clinics ; Visiting teachers).

Notons que ces programmes classiques de prévention de la délinquance juvénile chez les nord-américains, à l'évaluation ont connu peu de succès dans leur application (Rosembaum, 1986).

En ce qui concerne la France, les actions de prévention sociale de la délinquance juvénile se sont articulées autour des «clubs et équipes de prévention» ou CEP jusqu'en 1981. La philosophie de base de ces CEP est celle de la «Recreational approach» Américaine améliorée et plus étendue. Malgré l'optimisme des initiateurs des CEP, ces CEP n'ont pas été efficaces. Ces limites ont conduit en 1981 à un vaste mouvement de renouvellement de la prévention sociale de la délinquance juvénile alors que parallèlement fonctionnaient les CEP.