1.4 - Démographie

La démographie constitue dans l'étude des facteurs de la délinquance juvénile une référence parfois associée aux problèmes économiques les deux étant considérés comme des facteurs de mésadaptations (Brillon, 1980b, 156), parfois utilisée en termes de «pression démographique» associée à des facteurs secondaires tels la limitation des terres cultivables, le sous-emploi chronique des paysans en saison sèche, le besoin de gagner l'impôt ou l'argent de la dot, lesquels poussent les jeunes à rechercher dans la ville un travail rémunéré (Brillon, 1984, 279). Le taux de natalité brut (46 %), de mortalité brut (20 %), de fécondité par an (2,6 %) et l'importance de la tranche de population (45 %) ayant moins de 15 ans et celle ayant moins de 25 ans (18 %) constituent les années principales de la délinquance (Dinitz, 1982, 296). Cette percée démographique aboutit à une absence d'intégration de la jeunesse qui se trouve inadaptée désemparée, abandonnée à son triste sort, à un manque d'encadrement adéquat (Mungal, 425-426).

Il apparaît à travers ces quelques travaux que la démographie de façon isolée ou associée avec d'autres facteurs sociaux, constitue une voie d'explication de la délinquance juvénile dans nos Etats Africains où les populations sont en croissance rapide. (Abbas, 1991, 9).

Par rapport aux données en Côte d'Ivoire, nous observons une proportion importante (entre 33 et 36 %) d'enfants et d 'adolescents de 6 à 19 ans de 1988 à 2003, laquelle proportion augmente légèrement au fil des années à l'exception de l'an 2003. Ces données interrogent dans la mesure où l'augmentation observée n'est pas proportionnelle à l'augmentation du niveau de vie des populations Ivoiriennes, ni des revenus des parents encore moins à la politique nationale d'intégration des jeunes de plus en plus exclus avec un développement important des inégalités (VOIX, 1989, 4-5).

La taille des familles ne constitue pas un indice suffisant pour en faire un facteur criminogène. Au-delà de cet aspect descriptif, il faudrait surtout interroger le fonctionnement interne de ces familles voire la représentation de l'enfant dans nos familles, dans nos sociétés contemporaines, laquelle représentation n'est pas toujours conforme aux comportements développés à l'égard des enfants (Koudou K. 1994, 100).