1.6 - Médias

Si les travaux sur les facteurs précédents sont nombreux, ceux relatifs aux médias dans leurs rapports avec la délinquance juvénile en Afrique sont rares ou sont peu connus. On pourrait peut-être dire qu'ils sont au niveau d'une simple hypothèse au regard des projections filmiques qui ont cours dans les salles de cinéma et sur les écrans de télévision. On peut cependant se référer à quelques écrits dans ce domaine. Mazono et Kaisala (Mungal, op. cit., 429) ont établi une corrélation entre la fréquentation du cinéma et la délinquance juvénile. Mungal fait référence aux médias dont l'impact est d'agir à travers leurs divers supports sur l'esprit trop suggestible des enfants et sur les nerfs de ceux-ci. Ceci s'explique par le pouvoir de suggestion de l'écran qui vante la criminalité, le banditisme, les rapts et le Kidnapping, les massacres, les exécutions par les armes, les violences sexuelles, la brutalité bestiale etc. d'autant plus que ces éléments constituent une source d'inspiration pour les enfants qui finissent par imiter ce qu'ils voient ou entendent. Dans un autre travail, à partir d'une commune d'Abidjan (Treichville), Touhou (1992) a révélé la prépondérance de films de violences dans cinq salles de cinémas. Par ailleurs, il est apparu qu'un film africain ne figurait pas sur la liste de films projetés. Cependant, l'auteur a éprouvé des difficultés pour établir la corrélation entre le cinéma et la délinquance juvénile. Ceci est tout à fait compréhensible si nous ne prenons pas en compte le facteur individuel qui pourrait surtout nous aider à comprendre pourquoi face aux mêmes effets suggestifs, certains sont délinquants et d'autres non, certains sont vulnérables, d'autres non. Les travaux sont muets face à l'expression différente des comportements, ce qui paraît normal dans la mesure où ils abordent la question sous l'angle macro-criminologique. Or l'étude des conditions de l'apparition de la «vulnérabilité» permettrait à notre avis de progresser dans l'explication du phénomène.