1.7 - Migrations

Les données sur les migrations sont développées en termes de migrations internes que d'aucuns appellent exode rural (Mungal, op. cit.), c'est-à-dire de dépeuplement des campagnes vers les villes, lequel dépeuplement pourrait expliquer la délinquance juvénile urbaine en Afrique. Les résultats du dernier Recensement Général de la Population et de l'Habitat notent que toutes les régions affichent des proportions de natifs supérieurs ou égales à 80 % sauf la ville d'Abidjan qui reste nettement en dessous de ce seuil (65,8 %) (Zahou, 1991 ; Ba, 1991). Ces données cependant n'établissent pas le rapport entre les migrations et la délinquance ce que nous allons examiner à présent. Clinard et Abbott cités par Houchon (1989, 120) signalent trois sources de problèmes d'ordre socio-psychologique provoqués par les migrations : problèmes d'adaptation économique, problèmes de taudisation, problèmes d'identité. Van de Berghe (Houchon, 1989) souligne que si la population «délinquante» apparaît systématiquement plus mobile que la population de référence, seules les différences relevées dans la population délinquante peuvent nous aider à susciter des hypothèses en proposant des chaînes de causalités et d'interprétation conceptuelle. Il apparaît ainsi à Van de Berghe que pour les jeunes de 10 à 14 ans, c'est le fait de migrer seuls qui semble lié à la délinquance ; pour les jeunes de 15 à 19 ans, au contraire, c'est la migration avec les parents qui la favorise.

Il apparaît ainsi que les conditions qui favorisent l'intensité du conflit culturel, constituent ce que en criminologie juvénile on nomme une situation de vulnérabilité sociale (Houchon, 1989, 121-122). Ainsi, les migrations juvéniles ne peuvent conduire à la déviance voire à la délinquance que lorsque certaines conditions de vulnérabilité sont réunies. Autrement dit, la migration en tant que telle, n'est pas criminogène ; il faut que l'individu soit «prédisposé» mais comment ? Les travaux pour l'instant ne nous permettent pas d'appréhender ces conditions réelles de vulnérabilité sociale ou encore socio-psychologique selon Clinard et Abbott. Il convient donc d'élaborer une étude des conditions de cette vulnérabilité si l'on veut établir un rapport immédiat entre migration juvénile et délinquance. Koudou O. (1997b) a récemment élaboré trois étapes (espoir déçu ; sentiment d'exclusion, phagocytose parla bande) qui conduisent les migrations à la délinquance juvénile (1997b, 35).