1.8.1 - Sociétés, Cultures et Identité négative

Dans une étude sur des jeunes filles algériennes délinquantes, Baba-Hamed (1980, 157) observe que l'image négative est fonction de l'image désavantageuse que la société leur attribue. Chez Malewska-Peyre (1987, 99) la délinquance peut être envisagée comme une stratégie identitaire de revalorisation de soi dans les situations où les autres moyens de revalorisation de soi (réussite scolaire, professionnelle) sont inaccessibles. On pourrait assimiler ce mécanisme à un mécanisme de défense compensateur ; compensation d'un manque provoqué par la dévalorisation. Nous nous retrouvons ainsi en pleine dialectique Adlérienne du sentiment d'infériorité (Filloux, 1980, 95-96). Bensmail, note que chez les adolescents migrants maghrébins «l'écart important entre les modèles familiaux et les modèles extérieurs, ceux de l'école, du quartier et de la ville, aboutit à des difficultés identificatoires et à une mise en question de leur identité (...). Le conflit devient rupture consommée lorsqu'il y a double rejet mutuel : rejet de parents trop différents qui eux-mêmes les rejettent, et rejet de la société d'accueil». Cette situation sans issue valorisante possible les mène à s'affirmer, à «exister», par des passages à l'acte, des comportements agressifs ou déviants (Bensmail, 1993, 111-112). Dans un autre registre, Sery souligne que les femmes incarcérées par rapport à l'univers carcéral et à l'opinion publique, ont une image négative d'elles-mêmes (Sery, 1992, 27-39).

Par rapport à ce qui précède, notons que les sociétés et les familles ou encore les cultures avec leurs supports dévalorisants, pourraient expliquer l'image négative que adolescents et adolescentes se confèrent. A ces travaux, il faut joindre ceux qui, au coeur d'une culture, mettent l'accent sur les pratiques éducatives.