4.2 - A la prévention expérimentale

Selon ce modèle, pour être efficace, la prévention de la délinquance doit débuter avant la pré-adolescence. Tout l'effort de prévention doit être centré sur la petite enfance (Mâsse, Tremblay, 1997, 62) tant il est vrai que les tendances comportementales au préscolaire indiquent le cheminement probable du développement de l'enfant (Tremblay, 1995b). Ainsi, la prévention expérimentale de la délinquance des jeunes n'étant pas passée au tribunal de police est surtout couronnée de succès lorsque l'intervention porte sur les facteurs à risque (Tremblay, Craig, 1997, 43). Ce modèle d'Intervention part des résultats selon lesquels la stabilité du comportement agressif, les désordres comportementaux à l'école élémentaire des garçons de milieu socio-économique faible (pauvreté) constituent un haut risque de cheminement vers la délinquance juvénile et la criminalité adulte (Tremblay and Craig., 1995, 180). Une intervention intensive sur les désordres comportementaux des enfants de jardins peut avoir statistiquement une signification à long terme même si cet impact varie avec le temps (Tremblay, Vitaro, Robert, and al., 1995g, 566). En d'autres termes, l'intervention préventive devrait s'orienter vers les agresseurs du préscolaire et la haute adversité familiale (Haapasalo, and Tremblay, 1994, 1051) mais aussi porter sur l'éducation ou l'apprentissage (training) des parents et de l'enfant (Tremblay, Vitaro, Bertrand, and al., 1992) avec une implication des enseignants du préscolaire tant il est vrai que leurs estimations de l'agressivité-hyperactivité des comportements changent significativement selon leurs styles de gestion (Vitaro, Tremblay, and Gagnon, 1995h, 887) à l'aide du questionnaire d'évaluation du comportement au préscolaire (Tremblay, et Desmarais-Gervais, 1985 ; Tremblay, Vitaro, Gagnon et al., 1992). Quelles sont les grandes lignes de la méthode et les résultats de ce modèle ?

Au plan de la procédure expérimentale, ce modèle manipule les facteurs de risque que sont les comportements sociaux, les parents et les pairs comme médiateurs (Vitaro, Tremblay, 1998). Le contexte est la famille et l'école, (Tremblay, Mâsse et al., 1996 ; Lavigueur, Saucier and Tremblay, 1995 ; Lavigueur, Tremblay and Saucier, 1993, 1995).

En conclusion de cette intervention expérimentale, il apparaît qu'une intensive intervention sur les adolescents troublants à l'école élémentaire, précoce, peut avoir un impact significatif sur différentes dimensions de leur développement après plusieurs années (Tremblay, Vitaro, Bertrand et al., 1992). Plus spécifiquement les mères semblent les mieux indiquées pour la prévention de l'agressivité ; car leur comportement est un tampon entre l'enfant et le père inadapté (op. cit., 32). Cependant, lorsqu'elles sont incapables de constituer ce tampon, l'enfant sera incapable d'apprendre les habiletés de contrôle de soi et de prosocialité. Quel regard critique est-il possible de porter à l'égard de ce modèle expérimental-longitudinal élaboré par Tremblay et collaborateurs ?

L'intérêt du modèle de Tremblay et collaborateurs, c'est qu'il met l'accent sur les troubles de comportement de base chez l'enfant telle l'agressivité physique dans une perspective intégrative, plus spécifiquement expérimentale-longitudinale, donc sur un aspect de la délinquance. Cependant, ce modèle présente quelques faiblesses qui sont : - la prise en compte en priorité de milieux socio-économiques défavorisés et de l'enfance de l'école élémentaire et la faible indication relative à la manière dont se construisent les facteurs psychologiques et dont s'opère le passage à l'acte, même si dans une étude, Tremblay élabore un schéma de prévention psychosociale de la délinquance à l'adolescence autour de trois éléments : la prévention des troubles de comportement à l'adolescence ; la prévention des difficultés d'adaptation à l'âge adulte et la prévention des difficultés d'adaptation des enfants qu'auront les adolescents (Tremblay, 1990, 96-299).