6.2 - Facteurs criminogènes actifs

6.2.1 - Facteurs socio-criminogènes actifs

Par rapport aux facteurs socio-criminogènes ou facteurs de type social, le modèle distingue le milieu inéluctable, le milieu partagé et le milieu subi. Le milieu inéluctable est celui que nous ne pouvons éviter parce qu'il nous est donné par nos parents et concerne la qualité de la famille d'origine (statut socio-économique, conditions socio-culturelles). Ce milieu d'origine (encore présent au moment de l'adolescence) semble n'exercer qu'une influence mitigée sur le comportement délinquant général ; tout au plus les conditions socio-économiques insuffisantes pourraient être propices à la conduite mais pas en termes de facteurs opérants (Fréchette, Leblanc, 1987, 145). Le milieu partagé lequel comprend la famille, l'école et les autres influences sociales semble plus impliqué dans l'apparition des comportements délinquants chez les adolescents. Ici la supervision parentale se révèle le facteur le plus étroitement lié au niveau d'activité délinquante du mineur, quelle que soit par ailleurs la qualité de la structure ou de l'ambiance familiale. A noter également le recours à des méthodes disciplinaires strictes lesquels produisent un effet spécifique sur la délinquance. Ces observations conduisent à identifier trois types de familles (famille adéquate, famille conflictuelle ; famille inexistante) et à noter que la famille conflictuelle (présence de modèles antisociaux, manque de contrôle de l'enfant, privation d'affection, difficultés de communication et de participation) ou famille de tensions et de conflits et la famille inexistante (défaut d'encadrement) constituent des milieux propices à l'éclosion d'une activité délinquante répétitive et grave où le rôle du père à l'adolescence est déterminant (Fréchette et Leblanc, 1987, 150). Ainsi le type de familles est un facteur de risque différentiel : les familles patricentriques (monoparentales et recomposées) sont de loin les plus défavorisées sur le plan des conditions de vie, les plus déficientes sur le plan du fonctionnement et les plus propices à la conduite inadaptée (Leblanc, Mc Duff, Tremblay, 1993, 69 ; Leblanc, Mc Duff, Kaspy, 1997).

Dans une récente réflexion, Leblanc (1996, 6) note que plus les contraintes que les enfants intériorisent sont déficientes, plus le niveau de délinquance de l'adolescence est élevé. Par rapport à l'école, celle-ci est considérée comme source d'inadaptation scolaire. En d'autres termes le désengagement scolaire menant à un isolement parfois prononcé pourrait paraître comme un catalyseur de la délinquance car des comportements inadaptés sont souvent manifestés en milieu scolaire.

Les études montrent également que la conduite en milieu scolaire et les sanctions imposées par les autorités de l'école ont un lien direct avec la délinquance. Par ailleurs, si l'échec scolaire est un facteur important de la délinquance, c'est plutôt le processus de transition de l'école au monde du travail qui doit être considéré pour bien rendre compte de l'évolution de la délinquance à la fin de l'adolescence (Leblanc, 1996, 8). La présence d'amis délinquants constitue aussi un des éléments essentiels du diagnostic criminologique, tout comme l'absence d'activités de loisir, la flânerie (l'oisiveté), le travail précoce à l'adolescence et l'insuffisance religieuse amplifient partiellement la délinquance.

Ainsi, concernant le milieu partagé, la présence de la délinquance dépend à la fois d'un mauvais ajustement au milieu familial, d'un mauvais fonctionnement à l'école, d'un soutien venant de pairs déviants, d'un mode de vie propice etc., lesquels éléments sont en interaction constante (Fréchette, Leblanc, 1987, 170). Qu'en est-il à présent du milieu subi ?

Le milieu subi fait référence aux diverses contraintes que la société, en décidant de réagir, impose aux jeunes contrevenants. De ce point de vue, les instances sociales assumeraient une responsabilité certaine dans l'orientation vers une carrière criminelle.