6.4 - Implications pratiques

Afin non seulement d'opérationnaliser, la théorie de la régulation sociale et personnelle, mais surtout d'appliquer les résultats des travaux, un instrument a été construit et validé, le MASPAQ (Mesures de l'Adaptation Sociale et Personnelle pour les Adolescents Québécois). Une typologie gigogne (certains des types principaux se subdivisent en types secondaires) a été construite : les délinquants de transition comprennent les délinquants marginaux et à structure névrotique ; les délinquants de condition se composent des délinquants immatures et à structure psychopathique. Et chaque type de délinquants appelle des stratégies spécifiques de prévention secondaire et de réadaptation dont les modalités varient avec l'âge (Leblanc, 1995, 181).

Contre la délinquance d'occasion, la prévention doit s'appuyer sur les activités routinières des adolescents et les occasions de commettre des infractions : rendre physiquement plus difficiles le vandalisme et le vol à l'étalage ; augmenter la surveillance de certains lieux, éduquer la population à mieux se protéger etc. Il convient par ailleurs d'être tolérant à l'égard de cette délinquance.

Contre la délinquance de transition, les adolescents doivent être pris en charge tout en restant dans la communauté. Au niveau thérapeutique, le conseil des adultes et le retour sur soi sont indiqués. Les parents doivent faire appel aux ressources existantes : exemple : aides aux mères ayant des problèmes médicaux, financiers, sociaux, personnels et éducatifs.

Il est proposé un apprentissage aux habiletés parentales, un support aux professeurs qui accueillent les enfants agressifs.

En ce qui concerne la délinquance chronique, la réaction sociale doit être intensive,.

Il faut également décloisonner les services tout en appliquant une intervention plus intensive aux plus jeunes plutôt qu'aux adultes.

Dans le cadre de la réadaptation des délinquants, il faut une intervention qui s'appuie sur un contrat comportemental approuvé par l'adolescent et ses parents : participation à un programme scolaire ou à une préparation directe au marché du travail. Participation aux ateliers d'habiletés sociales, de résolution de problèmes, de choix des pairs significatifs, etc. placement en internat ou en milieu sécuritaire. Si l'intervention a lieu dans la communauté, la surveillance doit être constante et systématique (Leblanc, 1996, 10-12). Dans tous les cas, des évaluations systématiques devrait être réalisées (Leblanc, 1994, 322).

Il apparaît à partir de ces données que l'explication de la conduite délinquante obéit à un principe d'homéorhésie (Leblanc, 1993c). Cette théorie du développement de la conduite délinquante s'applique à toutes les formes de conduites marginales dont la consommation des psychotropes (Leblanc, 1996b ; Germain, Leblanc, 1996), les troubles de comportements (Leblanc, Girard et al., 1995) ; et nous permet par ailleurs de comprendre les manifestations des bandes marginales chez les adolescents (Leblanc, Lanctot, 1995 ; Lanctot, Leblanc, 1996).

En définitive, le modèle de Leblanc et al. nous a réellement permis de comprendre davantage le développement de la délinquance chez l'adolescent en proposant des processus, des stades et des approches d'intervention différentielles. Ce modèle réalise la synthèse des modèles intégratifs précédents.

Cependant, à l'endroit de ce modèle, nous pouvons formuler quelques critiques :

Il apparaît à travers ce qui précède que les modèles d'étude évoqués, bien qu'ils soient pertinents, comportent des limites que nous avons tentées de mettre en évidence. Ces limites nous conduisent à rechercher un autre modèle d'étude de compréhension et de prévention de la délinquance en milieu africain à travers notre position du problème.