2 - Corpus thEorique de reference

Notre étude s'articule autour d'un corpus théorique, celui de la psychopathologie sociale, «branche à part de la psychologie, à l'intersection de la psychologie clinique et de la psychologie sociale dont elle utilise les concepts et les méthodes. Tout en s'inscrivant dans le champ de la psychologie, une science d'abord centrée sur les relations interindividuelles, elle a le souci de situer la pathologie des individus au sein de leur environnement» (Cornaton, 1985, 7 ; 1998, 337). L'environnement appréhendé ici sous plusieurs angles (famille, école, pairs et rue, institution de rééducation, milieu sollicitateur) est un ensemble des conditions d'existence avec lesquelles l'homme est en interaction (Capul, Lemay, 1997, 263). Il s'agit donc d'analyser la pathologie des relations en milieu familial, scolaire, de rue, institutionnel, et donc d'analyser la pathologie du lien social car comme le note Cornaton (1995, 83), «le problème essentiel d'aujourd'hui devient celui des liens entre l'individu et la société». Cependant, l'évaluation des effets psychopathologiques des dysfonctionnements sociaux issus de l'environnement ne peut être opérée réellement que par rapport à la singularité (Jacobi, 1998) du sujet dans une perspective à la fois interactive et transactionnelle. L'environnement devient alors un environnement significatif (Lerbet, 1996, 54), pensé et vécu (Abric, 1996) avec un sujet acteur social (Debuyst, 1990, 1992), conscient et inconscient dans le développement des conduites problématiques et ayant un profil psychologique dynamique rendant compte de sa vulnérabilité, profil influencé par la socialisation (Cario, 1996a, 105).

En définitive, il s'agit pour nous avec Selosse (1983, 211) de nous intéresser «à la psychogenèse de la conduite répréhensible, à sa signification dans l'histoire biographique d'un individu en situation, dans un contexte existentiel et circonstanciel donné» ; en d'autres termes, il s'agit d'«étudier la manière spécifique dont les sujets expriment par leurs actes problématiques un aspect particulier de leurs rapports à la réalité sociale» (Selosse, 1983, 211).

Plus spécifiquement, nous prenons en compte la personnalité du délinquant, les dimensions criminologiques (situations précriminelles) et les dimensions psychosociales (famille, école ...) ainsi que les relations que le sujet délinquant entretient avec ces divers milieux d'insertion sociale (Gassin, 1990).

En définitive, cette étude est principalement axée sur l'analyse de la psychopathologie du lien social (Selosse, 1997, 348-469).