IV - CONCLUSION PARTIELLE, SCHEMA GENERAL DU DEVELOPPEMENT ET DU DESISTEMENT DE LA DÉLINQUANCE

L'étude du développement de la délinquance chez l'adolescent révèle d'une manière générale que les comportements délinquants ont émergé à partir de 8 ans avec parfois des délits sérieux surtout au niveau du vol lequel regroupe les menus larcins, mais aussi le vol à l'étalage et le vol d'une personne. Chez les adolescents de justice et non de justice, les délits en général sont moins sérieux même si certains sont sérieux. Ces comportements s'activent au début de l'adolescence (11-12 et 12-14 ans) c'est-à-dire s'accélèrent en croissant (4 fois par mois) et se diversifient en vol à l'étalage, vol simple, agression, consommation de drogues. Cependant, nous observons un désistement chez certains adolescents les non de justice qui après les menus larcins n'ont plus continué leurs activités. Ce qui signifie qu'entre le stade d'émergence et le stade d'activation, il existe un niveau intermédiaire, le désistement ou la décélération. Du milieu et vers la fin de l'adolescence (13-15 ans, 15-17 ans), les comportements s'aggravent en violences (agressions physiques), détention, vente et consommation de stupéfiants et drogues et en délinquances astucieuses (faux et usage de faux, abus de confiance, escroquerie). Notons que certains sujets n'ont pas opéré le passage de l'activation à l'aggravation, surtout chez les adolescents non de justice, conduisant ainsi à un désistement des activités délinquantes.

Ainsi, quoi que les comportements d'une manière générale sont plus ou moins sérieux en partant de l'enfance médiane à l'adolescence, chez certains sujets, des comportements sérieux se sont déjà manifestés à l'enfance médiane. Le modèle intégratif et multidimensionnel résiste donc peu à l'analyse des faits surtout que l'aggravation des comportements délinquants apparaît avant l'âge adulte et donc de manière précoce, et que le comportement délinquant se structure en trois stades et non en cinq stades.

* Ces % sont calculés à partir de l'activation et de l'aggravation et non du N (178).

A.J. : Activation : n = 171 ; A.J. : Aggravation : n = 132

A.N.J. : Activation : n = 48 ; A.N.J. : Aggravation : n = 25.

Ce tableau 14 montre que l'aggravation des comportements délinquants apparaît entre 15-17 ans puis 13-14 ans et donc au début de l'adolescence. L'activation apparaît à la fin de la latence et au début de l'adolescence. Ainsi l'aggravation apparaît après le stade de la latence avec des niveaux de désistement comme le montre l'histogramme.

Cet histogramme montre l'existence du désistement des comportements délinquants entre deux stades de développement de la délinquance (émergence-activation et activation-aggravation). La courbe de développement rend compte de l'évolution différenciée des deux groupes de sujets. Si celle-ci est linéaire chez les adolescents de justice, notons que chez les adolescents non de justice, après une montée à l'activation, elle régresse à l'aggravation. La courbe d'évolution rend compte également du désistement différencié selon les groupes de sujets.

Tableau 15 : Taux de désistement du comportement délinquant selon les niveaux d'émergence-activation, puis d'activation-aggravation.

Désistement 2Désistement 1 TOTAL Niveau Activation Aggravation Niveau Emergence Activation
Eff.			%Eff.%	Eff.%
A.J.07			03,933922,80	4625,84
A.N.J.28			36,842347,92	5167,11
Total35			13,786228,3	9738,19

Khi-deux TS (16,48) au seuil de 0,001 pour 1dl. P (X ≥ 10,83) = 0,001.

Ce tableau 15 montre que le taux de désistement est plus important chez les adolescents non de justice que chez les adolescents de justice quels que soient les niveaux : ANJ (67,11 %), AJ (25,84 %). Ainsi, les comportements délinquants désisteraient plus rapidement chez les adolescents non de justice que chez les adolescents de justice  ce que montrent de façon spectaculaire l'histogramme et la courbe du désistement.

Cet histogramme et la courbe révèlent que quel que soit le groupe d'adolescents, le taux de désistement est important en passant du premier niveau au second niveau.

Le développement du comportement délinquant n'est donc pas une trajectoire ; il connaît des moments de régression, conduisant ainsi à l'élaboration d'une typologie de comportements délinquants.