2.3 - Hypertrophie du Moi

L'hypertrophie du Moi en construction a été appréhendée avec l'item "penser d'abord à soi est bon" et a permis de mettre en évidence la prédominance du Moi ou de l'intérêt personnel chez les adolescents judiciarisés.

Cet item a été reconnu comme répondant à la vision des adolescents de justice : penser à soi d'abord, c'est se mettre au premier plan ; or se mettre toujours au premier plan est aussi une manifestation plus poussée de la pensée égocentrique qui consiste à tout ramener à soi, à ne penser qu'à ses propres intérêts d'abord donc à moins partager, à être moins solidaire. Ce trait est partie prenante de la personnalité à risque délinquant où il est une sorte d'exclusion des adolescents du monde qui les entoure et devient par conséquent un complément important des sentiments de rejet, d'abandon et de dévalorisation de soi, autres traits reconnus chez les adolescents de justice comme très prononcés. Ceci explique pourquoi la différence entre les deux groupes par rapport à ce trait précis est significative. L'hypertrophie du Moi pourrait avoir des liens avec la carence des repères socio-moraux, autre indicateur du dysfonctionnement familial. Si par rapport au dysfonctionnement familial vécu au cours de l'enfance, les adolescents (alors enfants) ont éprouvé des sentiments d'abandon, de rejet, de dévalorisation de soi avec une prédominance du moi, ce dysfonctionnement n'a-t-il pas conduit également à l'organisation progressive et expansive des besoins de sécurité ?