3.2 - Environnement sollicitateur et Délits

Le problème ici est de savoir si en dehors des besoins que les sujets ont ressentis au cours de l'enfance et qui les ont guidés sur la voie des comportements délinquants, le milieu ou l'environnement externe ne pourrait pas, par le rôle de sollicitateur contribuer à l'émergence des vols et agressions observés.

En recourant à l'histoire des sujets, nous essayerons de dégager, l'impact de cet environnement sollicitateur et sa nature dans l'émergence de ces comportements délinquants.


%
EFFECTIFS
VOLS
Argent placé sur une table ou un comptoir et sans contrôle social particulier
23,03
41
Argent placé dans un porte-monnaie ou sac sans contrôle social particulier
41,57
74
Argent placé dans une poche de pantalon sans contrôle social particulier
35,40
63

100
178
TOTAL
Khi-deux = 8,83 ; Khi-deux S au seuil de 0,025 pour 2dl. P(x ≥ 7,38) = 0,025.

AGRESSIONS
Autre enfant intimidé et agressé pour vol sans contrôle social particulier
80,61
79
Autre enfant agressé sans contrôle social particulier
19,39
19
TOTAL
100
98
Khi-deux = 36,8 ; Khi-deux TS au seuil de 0,001 pour 1dl. P(x≥ 10,83) = 0,001.

X = 59,33

X2 NS pour les 2 groupes

X = 49

X2 NS pour les 2 groupes

Ce tableau montre que des circonstances particulières ont favorisé en termes de facteurs déclencheurs l'émergence des comportements délinquants. Pour les vols, les sujets se sont trouvés dans des situations où l'argent était placé sur une table ou un comptoir (à la maison, au marché etc.), dans un porte-monnaie ou sac ou encore dans une poche de pantalon, le tout sans contrôle social ou surveillance particulière ou contrôle social formel (police, gardiennage etc.) ou informel (la victime, le regard d'une personne autre que la victime etc.). L'absence ou la faiblesse du contrôle social formel et informel fait également défaut dans les agressions dont - la plupart du temps - la cause est le vol (80,61 %). L'enfant agresse un autre pour lui voler l'argent et non pour le plaisir d'agresser ou encore se défendre contre une quelconque agression (19,39 %). Ces données signifient que même si les adolescents de justice reconnaissent avoir opéré les premiers passages à l'acte précocement, il faut noter que le rôle déclencheur de l'environnement pourrait avoir constitué le déclencheur comportemental, tant il est vrai que cet environnement est le même dans les deux groupes S.S., 17 ans : «on ne me regardait pas» ; C. L., 16 ans : «je n'étais pas surveillé» ; C. A., 15 ans : «il n'y avait personne» ; K. E., 14 ans : «j'étais seul» ; S. E., 16 ans : «j'ai trompé les gens» ; B. C., 14 ans : «j'ai vu qu'il était faible» ; S. S., 17 ans : «l'argent n'était pas caché» ; C. L., 16 ans : «je savais où on gardait l'argent».

Les données qui précèdent révèlent que les comportements délinquants dans leur expression sont étroitement liés aux déclencheurs regroupés en deux points principaux : état de manque ressenti ou besoins intensément ressentis (besoin de manger, besoin de se vêtir) et permissivité ou sollicitation de l'environnement : emplacement favorable de l'objet du délit au sens d'argent ou d'individu mais surtout faiblesse du système de contrôle social formel (police, gardiennage etc.) et informel (victime, autre personne etc.). Ces trois grands groupes de déclencheurs (besoins intensément ressentis et la recherche de satisfaction de ceux-ci, permissivité de l'objet du délit et faiblesse du système de contrôle social) pourraient donc avoir contribué efficacement à l'émergence des comportements délinquants. Dans cette perspective, ils constituent un ensemble de situations précriminelles qui seraient déterminant dans le déclenchement des comportements délinquants au cours de l'enfance médiane. Ils ne suffisent donc pas pour expliquer en totalité l'émergence de ces comportements car n'interviennent qu'au troisième niveau. Ceci est d'autant plus vrai que ce 3e groupe de facteurs se retrouve en même temps que les deux autres (facteurs sociocriminogènes primaire, personnalité à risque, délinquant primaire) chez les adolescents non de justice à un degré moindre, d'où la problématique de la délinquance cachée et révélée chez les adolescents non de justice.