4 - FACTEURS CRIMINOGENES SECONDAIRES ET ACTIVATION DE LA DELINQUANCE : BILAN.

Les données précédentes révèlent que les adolescents dont les comportements ont été activés ont vécu après la latence et de manière continue, des situations criminogènes à travers trois types de facteurs continus et spécifiques : dysfonctionnements familial et social rapprochés secondaires, personnalité à risque délinquant secondaire et déclencheurs secondaires.

En ce qui concerne le premier groupe de facteurs, les adolescents ont été constamment battus, le renforcement des comportements parentaux ayant été négatif conformément à ce qu'il fut au stade de l'enfance médiane. Dans le même temps, ils ont été exclus au plan scolaire : sorties du cycle primaire, faiblesse du contrôle scolaire et professionnel type apprentissage de métier. Ces exclusions scolaires et familiales vont conjointement favoriser le contact permanent avec les pairs marginaux, en particulier les pairs de la rue, c'est-à-dire ceux qui ont la rue comme mode de vie permanent. Le contact permanent avec le groupe des pairs marginaux et la participation régulière aux activités délinquantes (ex : jeux d'argent) renforceront progressivement la représentation de soi comme délinquant et la diversification des besoins de sécurité. Cette représentation de soi comme délinquant et la diversification des besoins de sécurité (2ème groupe de facteurs) en Interaction avec le dysfonctionnement familial et social rapprochés secondaires et les déclencheurs secondaires (3e groupe de facteurs) favoriseront l'activation de la délinquance (accélération et diversification). Ceci signifie que là où l'influence de ces facteurs a été moins négative, nous pouvons observer une décélération ou un désistement des activités délinquantes ou encore une faible activation de celles-ci. (AJ = 07 ; ANJ = 28). Les facteurs de cette faible activation sont la réintégration familiale (AJ = 57,14 % ; ANJ = 46,43 %) et à des degrés moindres le changement de domicile (famille : 10,71 %) l'adaptation scolaire et la représentation de soi positive (7,14 %). En exemples : Z. S., 16 ans : «maintenant ça va car je m'entends avec la famille» ; F. S., 17 ans : «je me sens à nouveau aimé» ; P. P., 15 ans : «on s'intéresse à moi» ; P. O., 16 ans : «Depuis qu'on a quitté le quartier, ça va» ; B. T., 17 ans : «je n'ai plus de contacts avec mes anciens amis». Il est possible alors de proposer comme précédemment un schéma de l'activation des comportements délinquants.

Schéma Général
Schéma Général2 de l'activation du comportement délinquant

L'activation est un processus qui caractérise une catégorie d'adolescents de justice et non de justice au début et au milieu de l'adolescence sous l'influence des facteurs criminogènes secondaires. La régression de ceux-ci, c'est-à-dire l'amélioration qualitative des conditions existentielles a conduit chez certains adolescents à un ralentissement de l'activation. Ceci signifie qu'il est possible, lorsque les facteurs criminogènes, à un stade avancé du développement de la personne, se fortifient davantage, que les comportements délinquants s'enracinent eux aussi c'est-à-dire s'aggravent. Quel est alors dans ce cas le contenu de ces facteurs criminogènes impliqués dans l'aggravation des comportements délinquants chez les adolescents ? Comment se caractérise ce processus d'aggravation ? A quelles conditions la non-aggravation est-elle possible ?

Tels sont les points que nous aborderons à présent.