2.1 - Renforcement de l'identité négative et représentation familiale négative

L'identité négative sera évaluée à partir du Stein Sentence Completion Test et la représentation familiale à partir du test du dessin de famille de Louis Corman.

A. J.A. N. J.TOTAL  
Effectif %Effectif% Effectif%
Délinquant26 19,7520 3119,7
Sans avenir32 24,2416 3622,9
Malheureux24 18,928 2616,6
Abandonné40 30,3624 4629,3
Sorcier, Maudit07 05,314 85,1
Bon, Gentil03 02,3728 106,4
Total132 10025100 157100

Khi-deux = 24,19 et Khi-deux TS au seuil de 0,001 pour 5dl. P(x ≥ 20,52) = 0,001.

C = 0,39.

Les adolescents dont les comportements sont aggravés (N = 132 : A.J. ; N = 25 : A.N.J.) se représentent encore négativement ; le sentiment d'être abandonné est très renforcé (A.J. : 30,3 % ; A.N.J. = 24 %) en même temps que la représentation de soi comme «un délinquant», «un être sans Avenir» ou encore «un malheureux». Ceci signifie que la conception de soi ou l'évaluation de soi dans ce groupe en ce qui concerne ceux dont les comportements sont aggravés est négative. La hiérarchisation au niveau des adolescents non de justice fait ressortir la primauté de ceux qui pensent «être abandonnés» (24 %) ou qui se considèrent comme «délinquants» (10 %) et «sans avenir» (16%). Si dans les proportions les distributions sont différentes entre les deux groupes les traits d'identité eux-mêmes sont constants et de ce point de vue pourraient contribuer à l'aggravation de la délinquance. Ceci se comprend dans la mesure où les adolescents continuent de subir des exclusions familiales et de vivre des expériences marginales avec les pairs ou délictogènes, avec les adultes délinquants. Dans ce cas quelle peut être la représentation familiale par ces adolescents ?


S.T.P. et R.F.
S.P., S.S. et P.A.
S.S. et R.P.
S.P. et R.S.

TOTAL
AUTRES
R.F.T.
R. à dist.
 
Eff. %Eff.% Eff.% Eff.%Eff. %Eff.% Eff.%Eff.%
A.J.11 8,33526,5 2720,5 3929,511 8,3364,5 32,3132100
A.N.J.2 8520 416 4161 4832 1425100
Total13 8,34025,5 3119,7 4327,412 7,6148,9 42,5157100

S.T.P. et R.F. : Scotomisation Totale Parentale et Représentation Familiale

S.P. et R.S. : Scotomisation Parentale et Représentation de Soi

S.P., S.S. et PA : Scotomisation parentale, Scotomisation de soi et Personnes Ajoutées

S.S. et R.P. : Scotomisation de Soi et Représentation Parentale

R. à dist. : Relations à distance

R.F.T. : Représentation Familiale Totale.

Khi-deux = 22,22 et Khi-deux TS au seuil de 0,010 pour 6dl. P(x ≥ 16,8) = 0,010.

C = 0,35.

Les familles continuant d'exclure les adolescents sont négativement représentées : scotomisation de soi et représentation parentale (27,4 %), scotomisation parentale et représentation de soi (25,5 %), scotomisation parentale, scotomisation de soi et personnes ajoutées (19,7 %).

Dans le premier type de représentation, les adolescents s'excluent des familles ou se nient comme membres de la famille. C'est la négation de soi comme élément d'un groupe familial : «Je ne suis pas de la famille» ; «Je ne suis pas membre avec ce que je vois». Dans le deuxième type de représentation - inverse du premier -, les adolescents judiciarisés au lieu de s'exclure, excluent plutôt les familles qui les avaient exclus et dans ce cas se représentent seuls. Ici cette représentation est une négation des familles et les exclure signifie «je suis seul à être malheureux», «à être abandonné». «Je me vois tout seul car je suis seul». Dans le troisième type de représentation, les parents et adolescents sont niés alors que des personnes étrangères aux familles sont représentées. Il s'agit ici d'une représentation positive des personnes extérieures aux familles et donc d'une représentation négative de ces familles en même temps qu'une représentation de soi négative. Les sujets non seulement excluent les familles mais s'excluent eux-mêmes. Cette négation de leur personne correspond au sentiment négatif qu'ils éprouvent à leur endroit. Les personnes étrangères représentées existent réellement et sont des personnes avec lesquelles ils entretiennent de très bons rapports (matériels et moraux) «cette tantie s'occupe de moi» ; «c'est mon ami, on s'entend bien» ; «l'oncle est bien» ; «la grande soeur m'aide beaucoup».

Ainsi la représentation que les adolescents ont de leur environnement familial est négative. Cette négation est une réponse à la négation dont ils ont été victimes et dont ils le sont encore. Dans cette perspective, la négation de l'environnement familial pourrait constituer un handicap majeur à l'équilibre ou à l'adaptation familiale dans la mesure où elle est une émanation de l'exclusion subie et pourrait être généralisée aux figures d'autorité extérieures aux familles d'origine. L'aggravation des comportements pourrait par conséquent avoir des liens avec cette représentation familiale négative.

La représentation de soi négative et la représentation négative de l'environnement familial, en interaction avec les exclusions familiales tertiaires et en interaction avec elles-mêmes marquent le déséquilibre interne par rapport à l'estime que l'on a de soi et par rapport à l'estime que l'on a de l'environnement immédiat. Ce déséquilibre interne à double niveau pourrait perturber le développement psychosocial modal harmonieux en s'articulant par ailleurs sur d'autres traits psychologiques.