4 - FACTEURS CRIMINOGENES TERTIAIRES ET AGGRAVATION DE LA DELINQUANCE : BILAN

L'étude des facteurs criminogènes tertiaires a permis surtout de mettre en évidence l'évolution de ceux-ci dans la problématique de l'aggravation des comportements délinquants au milieu et vers la fin de l'adolescence (15-17 ans) même si ces comportements ont été observés au stade de l'émergence. Ces facteurs sont des renforcements des facteurs criminogènes secondaires, c'est-à-dire qu'ils sont constants dans leur nocivité. Ils sont comme dans les chapitres précédents au nombre de trois : (Dysfonctionnements familial tertiaire et social rapprochés, personnalité à risque délinquant tertiaire, facteurs déclencheurs tertiaires) et participent à l'aggravation des comportements délinquants (violences, Détention et usage de stupéfiants, faux et usages de faux, escroquerie).

Les facteurs socio-criminogènes tertiaires impliqués dans le processus d'aggravation sont les exclusions familiales au 3e degré (Refus de visites parentales, négation de l'adolescent comme enfant) "phagocytage" par les pairs marginaux et interactions négatives institutionnelles (pratiques délictueuses collectives et proximité avec les adultes délinquants). Ces facteurs renforcent la distance entre l'adolescent et la société et consolident davantage les traits psychologiques de l'inadaptation psychosociale qui constituent le deuxième groupe de facteurs criminogènes tertiaires.

Ces traits qui forment la personnalité à risque délinquant comportent trois variantes principales : renforcement de l'identité négative ou renforcement de la dévalorisation de soi et représentation familiale négative qui est en fait une exclusion de soi de la famille d'origine. La deuxième variante est le sentiment qu'il existe toujours un manque à compenser, manque inconscient confondu à l'instabilité affective ; la troisième variante est l'hyposocialité laquelle comporte les traits suivants : impulsivité, impatience, intérêt personnel, tendance au mensonge, au vol, abus de confiance, indifférence affective, des traits où dominent l'intérêt personnel voire l'égocentrisme. Ces traits consolident la conduite délinquante à l'état latent et en Interaction d'une part avec les Dysfonctionnements familial et social rapprochés tertiaires et d'autre part avec les facteurs déclencheurs tertiaires, contribuent à l'aggravation de la délinquance, lesquels facteurs déclencheurs comprennent la participation continue aux délits, le vécu permanent dans les zones à risques, les faibles surveillances policière et sociétale. Ceci signifie que la non-aggravation (AJ : N = 39 ; ANJ : N = 23) des comportements pourrait dépendre de la diminution des influences nocives de ces facteurs criminogènes tertiaires : Amélioration des relations intrafamiliales (A.J = 14 : 35,9 % ; ANJ = 7 : 30,4 %) ; contrôle familial (AJ = 8 : 20,5 % ; ANJ = 5 : 21,74 %) ; Intégration dans des groupes de pairs moins marginaux (AJ = 8 : 20,51 % ; ANJ = 4 : 17,4 %). 0ccupation socioprofessionnelle (ANJ = 3 : 13,04 %), amélioration de l'image de soi (AJ = 7 : 17,9 % ; ANJ = 2 : 8,70 %) et contrôle policier (AJ = 2 : 5,1 % ; ANJ = 2 : 8,70). Ces facteurs sont liés relativement au processus de décélération de la délinquance en ce qui concerne l'aggravation pour les deux groupes (Khi-deux = 7,22 ; Khi-deux NS au seuil de 0,001 pour 5dl). Il est possible à partir de cet instant de proposer un schéma du processus d'aggravation du comportement délinquant chez l'adolescent.