1.2 - Niveau II - Amélioration des conditions socio-économiques des familles

Notre étude a montré que les adolescents sont issus de familles défavorisées uniquement. Il nous faut donc améliorer ces conditions de vie.

Les familles ivoiriennes éprouvent de plus en plus de difficultés existentielles, économiquement paupérisées qu'elles sont. Ce niveau de prévention vise à intégrer les familles dans l'acquisition des ressources matérielles nécessaires à leur survie ; car notre étude montre que les conditions socio-économiques sont à considérer. Pour ce faire, l'Etat devrait élaborer une politique d'amélioration, de renforcement d'aide, de soutien et d'assistance sociale aux familles ; la promotion socio-matérielle des familles constitue ici l'objectif de la stratégie préventive, ceci afin qu'elles puissent pendre en charge les besoins matériaux, socio-moraux et intellectuels des enfants ; il s'agit de faire en sorte que nos familles subissent moins de pesanteurs économiques pouvant constituer un obstacle majeur dans l'éducation des enfants. De ce point de vue, les familles sont un instrument de prévention de l'adolescence délinquante. Les principes directeurs de Riyadh (PDR) le soulignent assez nettement :

"La famille est l'unité centrale responsable de la socialisation primaire des enfants" (PDR 12).

"Des efforts devront être faits par les pouvoirs publics et les organismes sociaux pour maintenir l'intégrité de la famille" (PDR 12).

"La société a la responsabilité d'aider la famille à fournir soins et protection aux enfants et à leur assurer le bien-être physique et mental" (PDR 12).

"L'Etat doit en particulier fournir l'assistance sociale nécessaire aux parents qui en ont besoin pour maîtriser les situations d'instabilité ou de conflit" (PDR 13) (SCHÜLER-SPRINGORUM, 1993, 160).

Ceci signifie en ce qui concerne la Côte d'Ivoire, que le niveau de vie des familles devrait être relevé car selon une étude de la mesure des niveaux de vie de la Banque Mondiale, 40 % de la population Ivoirienne représentant les couches les plus pauvres absorbent 14 à 15 % de la consommation totale alors que les catégories les plus riches (20 %) absorbent 49 à 51 % de cette consommation. En termes de dépenses de consommation ajustées par habitant, le groupe vivant dans un état d'extrême pauvreté (10 %) est défini comme étant composé de ménages dans lesquels les dépenses ajustées par personne sont inférieures à 95.681 F CFA par an. Pour le groupe le plus important (30 %) le seuil de pauvreté correspondant est de 170.766 F CFA par an (GLEWWE, 1988, 104). Ces données nous interrogent d'autant plus que nous pouvons nous demander combien ils représentent ceux pour lesquels les dépenses de consommation atteignent 170.766 F CFA. En réalité le seuil de pauvreté dépasse ce stade. Lorsque nous opérons une distribution de cette pauvreté, nous constatons que dans les 40 % de la population (qui représentent les couches les plus pauvres) 60,3 % sont des agriculteurs, 20,5 % relèvent du domaine des ventes et services, 4,7 % du secteur industriel, 11,7 % sont des employés de bureau et cadres supérieurs et 0,9 % sont sans occupation (GLEWWE, 51). Le taux de pauvreté qui était en 1985 de 10 % est passé en 1993 à 31,3 % et à 33,9 % en 1995 (INS, 1996). Par rapport à ce tableau socio-économique, la stratégie à ce niveau III du premier moment (Prévention globale) comprendra 6 sous niveaux III : Effort d'égalité dans la distribution des richesses ; Amélioration du Revenu des agriculteurs ; Déblocage des salaires ; Amélioration de l'habitat ; Santé, emploi.

En définitive, on ne peut proposer des mesures préventives sans tenir compte des problèmes posés par l'urbanisation à savoir l'émergence et l'entretien des catégories sociales défavorisées en termes d'absence d'égalité de traitement, de désavantage (ANKER, 1987, 53-55). Nos sujets non seulement sont issus de toutes les catégories socio-professionnelles, mais sont aussi des parents chômeurs, c'est-à-dire des parents qui ont perdu leur emploi. Ce qui pourrait poser le problème de l'encadrement matériel des enfants : «c'est difficile depuis que papa ne travaille plus, ça a changé».