1.4 - Niveau IV - Organisation, valorisation des "petits" métiers et Orientation

Lorsque les enfants sont à la rue, ils tentent d'exercer des petits métiers comme le cirage de chaussures. Mais en même temps, certains volent ; il faut donc organiser ce secteur.

Le secteur informel occupe environ 60 % de la population active et les enfants dans la rue participent au développement de ce secteur. Sur un total de 7.845 enfants de sexe masculin, 2.049 sont cireurs et cordonniers, 342 des gardiens de voitures, 443 des vendeurs de journaux, 507 des vendeurs de produits de consommation, 326 des porteurs de bagages etc. En ce qui concerne les enfants de genre féminin, sur 4.610, elles sont 2.961 à vendre des produits de consommation. 1.135 occupées à autre chose dans la vente (Ahi, 1993). Le revenu quotidien rapporté par les différentes activités varie de 100 à plus de 5.000 F CFA, conduisant à une distribution de l'épargne selon le mode suivant : 36,92 % épargnent eux-mêmes ; 33,66 % confient la gestion de leur épargne aux parents ; 2,09 % à des amis, 21,85 % à des tuteurs, associations d'épargne ou acteurs sociaux et 6,05 % n'ont aucun mode d'épargne déterminé (AHI, 1993).

Ces données indiquent qu'il est possible d'organiser ce secteur pour ces enfants qui y sont déjà en valorisant celui-ci : choix de cadre précis, attributions d'attestations professionnelles, assouplissement des taxes communales à leur égard, identification des enfants exerçant ces métiers par rapport à leur milieu d'origine socio-économique et familiale mais aussi par rapport au type de relations qu'ils entretiennent avec les familles. Ils devraient donc être encadrés par les communes tant dans l'exercice de leurs activités que dans la gestion de leur revenu.

Une législation, en reconnaissant ces métiers et en incitant les communes à l'encadrement de ces enfants participerait à la prévention de la délinquance chez les enfants et adolescents, l'écart entre eux et ceux de la rue n'étant qu'une question de degré. Il s'agit donc de faire en sorte que ces enfants dans la rue ne "choisissent" pas celle-ci comme mode de vie permanent. Mais la valorisation des petits métiers devrait être aussi une préoccupation des familles : celles-ci ne devraient pas percevoir en l'enfant uniquement l'apport lucratif du métier, c'est-à-dire la participation aux dépenses de la maison, mais avoir une image positive de l'enfant et du métier afin que celui-ci ne se sente pas rejeté et que la situation de rejet ne le conduise définitivement à la rue. La communication intra-familiale sur les difficultés de l'enfant dans son métier, sur son avenir immédiat, professionnel et conjugal futur s'avère dans cette perspective nécessaire dans la mesure où la rue et les métiers dans la rue devraient être considérés comme un lieu et un moment transitoires pour ces enfants en développement. Dans ce cadre, le développement des centres d'accueil de formation professionnelle ou d'apprentissage de métiers est souhaité : «Si on pouvait nous aider» ; «On se débrouille avec ça» ; «Quand tu donnes ton argent aux parents, ils bouffent» ; «Parfois on prend» ; «pour la maison» ; «Tout ce qui intéresse les parents, c'est ce qu'on envoie à la maison» ; «On ne peut pas économiser avec eux et on grandit». Ce sont là des propos de certains enfants dans la rue pour les adolescents tout-venant.