1.6 - Niveau VI - Renforcement des infrastructures de resocialisation

Il s'agit de renforcer les infrastructures de re-socialisation qualitativement et quantitativement d'abord en optant pour une politique de décentralisation. En d'autres termes les grandes régions (une dizaine) devraient progressivement et selon le taux de fréquence des activités délinquantes être dotées d'institutions de re-socialisation avec la participation des communes. Mais la dotation des régions de Centres de re-socialisation devra se confondre avec la dotation en ressources humaines et matérielles. Les matériaux d'apprentissage et les éducateurs devraient faire moins défaut. Dans cet esprit, il est nécessaire de susciter des subventions, des aides d'organismes non gouvernementaux tant du point de vue des matériaux que de la formation approfondie initiale et continue des éducateurs ou acteurs sociaux. La pluridisciplinarité pour la formation de l'éducateur serait souhaitable : renforcement de la formation académique et développement de la formation de la personnalité de l'éducateur à travers la psychothérapie (y compris la formation à l'entretien clinique) afin qu'ils aient une connaissance (approfondie) d'eux-mêmes, qu'ils soient capables de poser un diagnostic, un pronostic et d'évaluer etc. Cette formation devrait être complétée par la formation pédagogique, c'est-à-dire la pratique du terrain, l'animation de groupe. Ces trois types de formation (académique, personnalité, pédagogique) pourraient à notre avis aider l'éducateur dans ses tâches.

Le renforcement des infrastructures concerne également la motivation des acteurs sociaux : amélioration de leur cadre de vie et de leur cadre de travail. Car il semble que la détérioration de ces cadres (à travers les interviews) interviendrait puissamment dans la démotivation des travailleurs sociaux (éducateurs) lesquels souhaitent obtenir une indemnité.

Enfin le renforcement qualitatif des infrastructures devrait surtout avoir pour exigence fondamentale la prise de distance par rapport aux institutions pénitentiaires pour adultes. En effet, la proximité du Centre d'Observation des Mineurs avec la Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan et l'emprisonnement des mineurs avec les adultes dans les maisons d'arrêt des villes de l'intérieur ne peuvent qu'aggraver les comportements délinquants. Toute stratégie devrait intégrer cette donnée et insister sur la nécessaire distance entre les deux institutions. C'est dans cette mesure que nous avons proposé le renforcement quantitatif des structures qui dans leur état actuel contribuent plus à l'enracinement des comportements délinquants chez les adolescents qu'à la décélération de ceux-ci (Koudou O., 1994h ; 1996b).

En conclusion sur ce chapitre, notons que la prévention globale devrait être intégrée dans toute stratégie préventive en matière de comportements délinquants chez les adolescents. En l'articulant autour de VI (six) niveaux emboîtés, il est possible d'anticiper sur les mesures de prévention avec la volonté politique d'une part et la volonté des familles et communautés d'autre part. Cependant, elle serait peu opérante si elle devrait se limiter à l'aspect global ou général dans la mesure où ces comportements existent, dérangent et suscitent chez les individus le sentiment de peur et d'insécurité. Par conséquent, il nous paraît indiquer de compléter l'action de la prévention de l'émergence avec la prévention des situations à risque délinquant, deuxième moment fondamental de la politique préventive que nous proposons.