2 - PREVENTION DES SITUATIONS A RISQUE DELINQUANT

Ce deuxième type de prévention est proposé pour prévenir l'émergence et la persistance légère de la délinquance : Notre étude sur les facteurs criminogènes a révélé que les déclencheurs (internes et externes) contribuent fortement à l'expression du passage à l'acte : pairs marginaux et délinquants de la rue, bars, kiosques, marchés et gares routières ; ces facteurs deviennent alors précriminels. Par ailleurs les victimes réelles ou potentielles ne prennent pas suffisamment de précaution et se font agresser.

Compte tenu de ces éléments nous préconisons une prévention des situations précriminelles, c'est-à-dire de ces situations susceptibles de déclencher des comportements délinquants. En d'autres termes, il faut réduire ces situations à risque.

Cette prévention comporte la prévention situationnelle et le dépistage et les aides des personnes en difficulté.

La prévention situationnelle ou prévention au niveau de la constitution des situations précriminelles est plus axée sur la prise en compte des facteurs extériorisants alors que la prévention de l'émergence de la délinquance l'est plus sur les facteurs socio-criminogènes lointains et rapprochés. De ce point de vue, la prévention situationnelle que précède l'analyse criminologique comme démarche, est comprise comme l'ensemble des mesures non pénales visant à empêcher le passage à l'acte en modifiant les circonstances particulières dans lesquelles une série de délits semblables sont commis ou pourraient l'être. Il s'agit donc d'éviter l'accomplissement d'actes que des délinquants potentiels pourraient commettre, en supprimant l'occasion de les poser ou en les rendant moins intéressants. Comme son nom l'indique, dans ce type de prévention, on ne fait pas porter l'effort directement sur le délinquant. On mène plutôt une action indirecte qui consiste à modifier la situation précriminelle. Cette dernière est constituée des circonstances extérieures qui précèdent et qui entourent immédiatement le délit, le rendant plus ou moins profitable, plus ou moins facile et plus ou moins risqué (CUSSON, 1991, 140). L'effort préventif porte donc ici sur les modifications des situations précriminelles et non sur la modification des acteurs ou des causes du crime. C'est l'environnement immédiat favorisant l'apparition du passage à l'acte que l'on tente de maîtriser. Le risque est un risque probabiliste d'apparition du fait délictueux (FAVARD, 1994, 111-125). Cette prévention situationnelle, nous la voulons élargie. Les acteurs sont l'Etat, la police municipale, les établissements scolaires, les éducateurs de la rue, les communautés de quartiers, des personnes ressources (criminologue, sociologue, psychologue, ...). C'est dans ce cadre que nous situons ce deuxième moment de la prévention qui comporte deux niveaux : Niveau de la réduction des situations précriminelles lequel comprend cinq sous-niveaux également emboîtés entre eux : (I. Identification , Contrôle, Aménagement et destruction des lieux criminogènes. II. Renforcement du contrôle social formel. III. Réprobation et sanction sociale. IV. Communication sociale et prévention communautaire. V. Autoprotection) et niveau de dépistage et aides aux personnes en difficulté.

L'objectif principal de cette prévention est de rendre les situations moins criminogènes, situations dans lesquelles se trouvent constamment les sujets enfants, adolescents ou adultes-parents. Dans notre perspective, nous voulons dépasser avec NORMANDEAU (1996, 13) la conception de la police répressive et opter pour une police préventive (on peut c'est vrai prévenir en réprimant) voire pour une police professionnelle communautaire ou police d'assurance ou encore police de quartier accordant une place importante au respect des libertés démocratiques, à la consultation systématique des communautés et associations, aux solutions de problèmes liés à la criminalité et au désordre social.