Première partie : Un monde peuplé d'histoires

Les pratiques réflexives de la fiction apparaissent comme des entreprises de légitimation : la fiction parle d'elle-même et se pose ainsi comme source d'autorité ; en même temps, elle est constituée par un ensemble de pratiques individuelles qui ne sont pas forcément cohérentes entre elles, mais qui restent, chacune séparément, pertinentes dans la mesure où toute pratique fictionnelle relève du domaine artistique.

La question de savoir ‘«’ ‘à quoi servent des histoires qui ne sont même pas vraies’» trouve une réponse dans les sciences sociales qui définissent la fiction comme un outil cognitif en rapport avec la mémoire, outil qui permet la construction de l'identité d'un individu ou d'un groupe par production et transformation de représentations mentales.

Nous allons essayer de montrer que la fiction est une pratique culturelle complexe et ambiguë. Pour cela, nous allons essayer de définir le terme et de cerner les représentations qui s'y rattachent ; puis nous montrerons que cet outil cognitif est une arme politique. Nous essaierons de voir ce que devient cette question lorsqu'elle est posée dans une fiction.