La démocratisation de l'enseignement a renforcé l'institutionnalisation de l'éducation dont le but est la formation de la personne. La volonté éducative se fonde sur la croyance selon laquelle on ne devient humain que par un geste éducatif. L'éducateur, nécessairement, refuse toute idéologie ‘«’ ‘puérocratique’ ‘»’ ‘ 379 ’ ‘’et cherche à transformer l'enfant qui lui est confié : en ce sens, l'éducateur est un créateur. 380 Dans Science et citoyenneté, Albert Jacquard 381 évoque la question que lui a posée un architecte : ‘«’ ‘-Est-ce qu'un architecte doit réfléchir à l'homme avant de réfléchir au bâtiment ?’ ‘»’ ‘’(p.7)
La réponse est évidente pour lui et c'est la raison pour laquelle il considère que l'éducation est ‘«’ ‘la fonction première de toute communauté humaine’» dont le but est de ‘«’ ‘conduire l'enfant hors de lui-même pour qu'il puisse dire ’ ‘«’ ‘je’ ‘»’ ‘, c'est-à-dire parle de lui à la troisième personne.’ ‘»’ ‘’L'enfant ne peut parler de lui à la première personne que si quelqu'un d' autre est là :
‘(…) il est incapable de réaliser cette métamorphose tout seul, il faut qu'autour de lui, on l'aide, on la provoque, si bien que la véritable source de ce que nous devenons, ce sont les autres. L'ovule et le spermatozoïde sont nécessaires, mais ils n'ont fait que leur métier, comme la nature, les molécules ont interagi ; or il se trouve que je suis né dans une communauté humaine qui n'était pas seulement une collection mais une communauté qui faisait de chacun un objet transformé par ses liens avec les autres. (Albert Jacquard, Science et citoyenneté, p.28) ’Le but premier de l'éducation est donc la socialisation de la personne. L'enseignement de la littérature est donc soumis à cet impératif et l'on peut se demander quelle est la part de la littérature -et en particulier des fictions littéraires- dans la socialisation de l'individu.
René Girard, La spirale mimétique, p.197
Lui aussi est un faiseur d'histoires.
Albert Jacquard, Science et citoyenneté