- La notion d’action

Comme nous l’avons précisé, l’action se présente comme la notion clé de la philosophie pragmatiste et plus particulièrement classique. Mais selon Peirce, le sens d’un concept ne se trouve pas dans l’action même. En effet, le but ultime de la pensée consiste dans un processus de transformation des symboles par l’inférence, le sens des symboles se réalisant lui-même dans des règles conditionnelles générales d’action, et non dans l’acte même. Pour Peirce, en tant qu’événement singulier, l’acte n’a aucun critère de généralité, il doit être pensé dans un processus global qui le lie à d’autres.

James pense aussi l’action, à sa manière, dans un processus total, celui du milieu primordial et à l’intérieur duquel chaque être, chaque chose peut, de sa propre initiative, agir et réagir avec les autres. Même si les rapports se font dans le cadre des lois de la nature, l’idée de liberté n’est pas pour autant totalement évincée. Le monde est conceptualisé de façon pluraliste par l’introduction, non seulement de la liberté, mais aussi du hasard. Son devenir, dans cette appréhension, reste relativement indéterminé et ouvert, si bien que l’être au monde doit participer de façon permanente à sa constitution.

Dewey, de son côté, voit l’action comme insécable de l’utilité. Selon lui, l’action doit être pensée dans une démarche téléologique et expérimentale où c’est la finalité qui est constitutive de la pensée. Celle-ci se comprend comme un acte de penser, c’est-à-dire que le processus de pensée doit se clore par une action visant à rétablir une situation déséquilibrée. La connaissance de la réalité passant par l’usage, ce dernier devient, à son tour, une réalité que l’action modifie, elle-même étant effectuée consciemment et orientée par notre connaissance. De fait, comme James, Dewey voit le monde et son histoire dans une perpétuelle redéfinition et cela de par l’infinie effectuation des usages que l’on fait du et dans le monde.