3. 6 Un monde en actions

Comme nous l’avons précisé, le langage nous permet de construire un univers de rencontre où du sens se partage et se négocie. L’expérience commune dans ce tiers-lieu n’est reconnue en tant que telle que par le fait que chacun de ceux qui y participent la comprennent donc la configurent dans les termes d’un discours. Ainsi, ce qui nous est dit par les mots, mais aussi par les expressions corporelles, les cris, les rires, les regards mais aussi que ce que nous en disons participe de cette mise en signification plurielle. De la même façon, l’autre, interprète nos actes, tente d’en décrypter les raisons, les motivations... Il parait nécessaire, de fait, de nous appuyer sur ce concept non pas tant d’acte mais d’action qui nous amène à prendre en compte les actions corporelles des acteurs, tout autant physiques comportementales que verbales. Une action, à l’instar de ce qui a été précédemment exposé à la suite de l’approche pragmatique et de Paul Ricoeur, c’est un faire et un dire qui prennent corps et qui nous engage dans un contexte, un monde commun. C’est d’ailleurs dans ce monde commun où le pratiquant peut acter son existence que nous pouvons accéder à cette mise en pratique. Ainsi, il est possible d’analyser la pluralité des sens et des visées à l’oeuvre, la pluralité des points de vue sur le monde, les différentes temporalités qui se nouent, toutes devant être saisies comme autant de processus s’engageant dans des vouloir-faire et des vouloir-dire temporalisés et contextualisés. Il s’agira bien d’analyser du sens en train de se faire, qui nous implique dans un processus commun où chacun d’entre nous s’engage, par son corps, dans ce monde perceptible. Les relations que nous nouons s’incarnent alors, prennent chair, chacun d’entre nous participant activement à cette situation partagée. Et ce sont ces événements d’action qui retiendront particulièrement notre attention et qui nous permettront d’appréhender du sens en devenir. Dans le cadre des associations qui nous intéressent, nous verrons combien la notion d’énergie ou de monde énergétique définit ses références et institue ses propres normes et usages garantissant l’intercompréhension de ceux qui participent à cette même communauté de sens. Le contexte n’est plus seulement ramené à un espace de rencontre, de friction avec la matérialité de l’autre, mais implique une relation complexe entre des individus, un groupe et une institution à travers laquelle chacun conserve sa liberté de choix et d’action donc peut en justifier. Nous verrons, en effet, que même au travers de cadres d’interrelations extrêmement définis, certains élèves en montrent les limites, expliquant qu’ils sont parfois amenés à les contourner ou révélant, souvent malgré eux, comment ils les réinterprètent différemment.