2. 1 Les lieux de pratiques

2. 1. 1 Au-delà des portes : l’association Shakti

La salle de cours de l’association Shakti est située dans une petite rue des abords de Lyon. Jouxtant un garage, une porte en bois dénuée d’indications s’ouvre sur un couloir sombre et étroit. Sur la gauche, des escaliers mènent à des appartements. Sur le mur de droite, des boîtes aux lettres fatiguées. L’une arbore sur une plaque le nom de l’association. Le couloir donne sur une petite cour intérieure, mal éclairée, recouverte de gravier. Les pas crissent, des fenêtres d’appartements situées au ras du sol s’éclairent. Des rideaux s’entrouvrent, des visages se devinent dans la pénombre. Une forte odeur de friture, des éclats de voix ricochent entre les murs défraîchis. Au fond de la cour, sur la gauche, une nouvelle porte à ouvrir. Derrière, une sombre alcôve. Sur le côté gauche, un escalier de bois vermoulu, une étagère emplie de chaussures. Quelques unes sont posées à même le sol. Sur la droite, une lourde tenture rouge est tendue. Sur le mur qui fait face, une porte close. Une plaque y indique le nom de l’association. Un cadenas à chiffres pend à la poignée. Au-delà de cette porte, se tient la salle de cours proprement dite. Avant d’y pénétrer, il s’agit encore de franchir un vestibule étroit. À l’intérieur, sur la droite, un mur lisse et blanc. Au dos de la porte fermée, un calendrier présente les activités de Shakti (les méditations, les stages, les séances de discussion de textes, la répartition des différents groupes d’élèves selon leur niveau...). Une plaque avertit que nous entrons dans un ashram et nous invite à nous plier à quelques indications : entrer déchaussés, être silencieux... Sur la gauche, une bibliothèque garnie d’ouvrages sur les médecines parallèles, le yoga, l’ésotérisme, la psychanalyse, l’anthropologie... Mircéa Éliade y côtoie Patanjali ; «L’oreille et la vie», la «Bagavad Gîta»... Une nouvelle tenture à soulever et la salle de cours s’offre au regard. Elle est vaste et spacieuse et ressemble à un large hangar aménagé. Pas de fenêtres mais un plafond vitré masqué par des bâches en plastique. Les murs sont tous blancs, dans une sorte de matériau préfabriqué. De larges tissus indiens violets, rouges ou bleus y sont tendus apportant une nuance chromatique à leur relative neutralité. Sur la cloison de droite, un espalier ainsi que des cordes ont été fixés. Au fond, une mezzanine est aménagée. Divers objets y sont rangés : des poutres, des bancs, des appareils en bois arrondis servant aux étirements du dos... Au centre de la pièce, suspendue à une poutre du plafond, pend une corde se terminant par une sangle en mousse. Le mur jouxtant la porte d’entrée est divisé en trois parties. Sur la droite, le rideau isolant l’entrée du reste de la salle. Au milieu, un renfoncement délimite la place de Marc, le maître. De nombreux objets y sont disposés : un tapis, un coussin, un magnétophone, un sitar indien, un brumisateur, les photos de Sahaja et son épouse... Contre le mur, est affiché l’ensemble des photos des gurus de la lignée, la plus ancienne étant une peinture. Sur le sol, quelques fleurs fraîches reposent. Un peu plus à droite, deux portes se côtoient : celle des toilettes et du vestiaire. Près de cette dernière, contre le mur, un espalier, ainsi que des affiches indiquant diverses notes et informations : les dates d’inscription pour un stage, une liste de réservation pour un voyage collectif vers le Futuroscope de Poitiers... Le sol de la salle est entièrement recouvert d’une moquette beige, épaisse, certainement en laine. Il n’y a aucun chauffage central, seuls quelques radiateurs électriques d’appoint maintiennent une température qui, en hiver, peut descendre assez bas. Le vestiaire est plutôt étroit. Le mur de gauche est couvert d’affiches, de notes, d’informations : «Pour la garde des enfants lors la séance de méditation du week-end, contacter Jeanne», «Vente de miel artisanal, joindre Bertrand», «Lucie donne des cours d’anglais tous niveaux. Si ça vous intéresse, appelez-la, elle en sera ravie ! «... À droite, un lavabo, une étagère où sont entassés coussins, tapis, couvertures. Au fond, des portemanteaux. Le sol est recouvert de sacs, de vêtements. Une clarté douce et tamisée baigne l’ensemble des lieux. Pas de néons agressifs mais quelques spots placés çà et là qui diffusent sur les murs une lumière indirecte. Dans l’air, flotte une odeur douceâtre presqu’entêtante de fleurs et d’encens...