I. C. Les attitudes relationnelles

La relation éducative positive à l’égard des formés (et dont bénéficie le formateur qui la met en place) nécessite deux attitudes :

‘“ Faire confiance, c’est être intimement persuadé que, quel que soit son comportement, aussi déviant soit-il, le jeune a “ ses ” raisons de l’adopter ”’

écrit Jean-Marie Petitclerc17 . Ce sont donc des attitudes de protection qui sont mises en place dans des situations difficiles, où les formés sont submergés par leurs émotions. Ils ne peuvent abandonner ces comportements que dans la mesure où ils font l’expérience affective que dire la vérité ou n’être pas agressif ne conduit pas à des déboires, qu’ils peuvent faire confiance au maître et aussi (et surtout) à eux-mêmes.

Réfléchissant sur la pédagogie de Don Bosco, que l’on peut considérer comme le premier “ éducateur de rue ”, Guy Avanzini explique :

‘“ La confiance en autrui, (selon le fondateur des Salésiens), n’est ici qu’un aspect de la confiance en Dieu qui, encore que de manière indifférenciée, affecte à chacun des talents qu’on doit précisément l’aider à discerner pour les exploiter.18 ” ’

Faire confiance, c’est ne pas voir en l’autre quelqu’un qui cherche à me nuire, qui complote contre moi, c’est ne pas croire à sa méchanceté. Pourquoi ? Michel Lobrot propose une réponse se référant au christianisme :

‘“ Le christianisme affirme la relation humaine bien avant que la dynamique de groupe ne le fasse. Il a le sens de la communauté, de l’acceptation de l’autre, et il sait, dans sa sagesse profonde, à la suite de son fondateur que le fait de “ tendre l’autre joue ”, bien loin d’être du masochisme, n’est qu’une manière comme une autre de ne pas croire à la méchanceté de l’autre et de le lui faire savoir. L’autre en effet n’est pas méchant, n’est jamais méchant, et le nier, c’est s’enfoncer dans un circuit paranoïaque dont il est impossible de sortir, et qui vous rend à votre tour méchant, cent fois plus méchant que lui. Tous les grands destructeurs de l’humanité les Hitler sont des paranoïaques qui passent leur temps à vouloir se protéger et protéger leur peuple contre des ennemis réels ou imaginaires qui veulent soi-disant les réduire à leur merci et leur enlever leur “ espace vital ”.19 ”’
Notes
17.

PETITCLERC (J.-M.) : “ La pédagogie de Don Bosco dans la société de demain ” in AVANZINI (G.), Présentation : Education et pédagogie chez Don Bosco, Paris, éd. Fleurus, Pédagogie psychosociale, 1989, 347 pages, page 305.

18.

AVANZINI (G.) : “ La pédagogie de saint Jean Bosco en son siècle ”, p.70, in Education et pédagogie chez Don Bosco, op. cit.

19.

LOBROT (M.) : L’animation non directive des groupes, Paris, 1974, Payot, 252 pages, p. 15.